Une vingtaine d’organisations, y compris américaines, appellent à une régulation de l’intelligence artificielle, en dénonçant « ses impacts destructeurs » sur le cinéma d’animation, mais aussi « sur la culture et notre planète ». Leur déclaration sera lue à Annecy le 12 juin.
« C’est un fait indéniable : l’industrie du film d’animation souffre grandement depuis plusieurs années. L’économie des plateformes de streaming s’est essoufflée et les dépenses multipliées pendant la pandémie ont mené à une inévitable explosion de la bulle de streaming. Les travailleur·euses, engagé·es sous de belles paroles, sont les premier·es à en ressentir les répercussions, via des licenciements massifs, la délocalisation de leurs emplois, des fusions, liquidations et redressements judiciaires qui mènent à la fermeture de studios et à des budgets de plus en plus restreints. La situation se répercute sur l’ensemble des industries audiovisuelles et vidéoludiques et touche les travailleur·euses du film d’animation, de la musique, du VFX et du jeu vidéo. »
Partant de ce constat, ce sont ainsi des organisations représentant l’ensemble de l’industrie qui ont rédigé cette déclaration, dénonçant plus largement les technologies de l’IA qui « servent à créer et propager de la désinformation et de la confusion au sein de la population », à l’échelle internationale et au-delà des questions de sécurité, en propageant des fake news et de nouvelles formes de harcèlement sexuel et moral. Et ce en entraînant « des conséquences environnementales désastreuses et démesurées ».
Dès lors, ils en appellent à un cadre de protection éthique, en se référant notamment à la note de recherche de l’Organisation Internationale du Travail (OIT), qui propose le concept des “3C” (Compensation, Contrôle, Consentement) :
Consentement : un véritable équilibre entre progrès technologique et durabilité du secteur culturel et créatif ne peut exister que si l’entraînement des IA génératives sur des œuvres protégées repose sur le consentement explicite des créateur·ices.
Compensation : les auteur·ices et créateur·ices doivent obtenir une rémunération juste et proportionnée pour l’exploitation de leur travail et de leurs œuvres dans le cadre de l’entraînement des IA génératives, incluant entre autres les illustrations, animations, les écrits, les voix, photographies et autres images.
Contrôle : les créateur·ices, tel·les que les auteur·ices, musicien·nes, réalisateur·ices, artistes visuel·les et autres professionnel·les des secteurs culturels, doivent pouvoir garder la main sur leur travail, la manière dont il est utilisé, identifié, adapté et reproduit par les IA génératives. Ce contrôle implique que la propriété intellectuelle, le travail et la réputation des créateur·ices soient respecté·es par l’intermédiaire d’une reconnaissance et d’une compensation justes. À cette fin, les créateur·ices doivent avoir accès aux implications des IA génératives et créer du lien entre elles et eux pour négocier au mieux les conditions d’emploi.
Les organisations appellent à se rassembler à Annecy jeudi 12 juin à 14h, pour échanger autour de leur déclaration.
Signataires :
- ABRACA (Belgique, syndicat de travailleur·euses du film d’animation)
- AGRAF (France, association pour les réalisateur·ices, auteur·ices graphiques et littéraires du film d’animation)
- AWI (Irlande, syndicat de travailleur·euses du film d’animation)
- CNT – SIPMCS (France, syndicat de travailleur·euses de la presse, des médias et des métiers de la culture et du spectacle)
- CSVI (Espagne, syndicat de travailleur·euses du jeu vidéo)
- FIA (Fédération Internationale des Acteurs)
- FIM (Fédération Internationale des Musiciens)
- FNSAC-CGT (France, Fédération CGT des syndicats du spectacle vivant et de l’audiovisuel) Guilde des scénaristes (France, syndicat de scénaristes)
- GWUI (Ireland, syndicat de travailleur·euses du jeu vidéo)
- Kunstenbond (Pays-Bas, syndicat de travailleur·euses du film d’animation, de l’illustration de la bande-dessinée)
- Les Intervalles (France, association de lutte contre les abus et discrimination dans le film d’animation)
- SAG-AFTRA (USA, syndicat de comédien·nes de doublage et acteur·ices)
- SdS – Syndicat des Scénaristes (France, syndicat de scénaristes)
- SFA-CGT (France, syndicat de comédien·nes de doublage et acteur·ices)
- Snam-CGT (France, union nationale des musiciens et musiciennes interprètes et enseignant·es)
- SNTPCT (France, syndicat de travailleur·euses du film d’animation et du VFX)
- SPIAC-CGT (France, syndicat de travailleur·euses du film d’animation)
- STJV (France, syndicat de travailleur·euses du jeu vidéo)
- TAG (USA, syndicat de travailleur·euses du film d’animation et de scénaristes)
- Uni MEI (International Art and Entertainment Alliance)
- Unie van Regisseurs (Belgique, syndicat de réalisateur·ices)
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