ADRC : une AG en ligne et des actions sur le front

Ce mardi 3 novembre, l’assemblée générale de l’Agence pour le développement régional du cinéma a été un moment à son image : fédérateur et tourné vers l’avenir.

180 participants assistaient au rendez-vous, soit le triple des participants attendus à l’AG physique initialement prévue aux 7 Parnassiens. « Depuis sa création en 1983, et outre les crises de la fréquentation que nous avons déjà pu connaître, c’est la première fois que l’ADRC rend compte de son activité alors que nous traversons une crise dont les raisons sont extérieures au secteur cinématographique », a noté en préambule Nadège Lauzzana, la présidente de l’Agence. C’est dans ce contexte très particulier, et après une année de transition qui a vu la mise en place d’une équipe dont le travail et l’implication ont été maintes fois salués, que la structure projette ses actions futures, « en réactivité permanente avec les besoins du secteur tout en continuant de creuser le sillon d’un aménagement raisonné du territoire et d’un accès aux films amélioré ou accompagné pour les salles les plus fragiles ». 

Les représentants nouvellement élus au conseil d’administration auront, entre autres, pour mission première la révision des statuts de l’association [retrouvez l’ensemble des élus aux six collèges à la fin de l’article]. L’agence, qui a tenu en compagnie de la CST son premier stand lors du dernier congrès de Deauville, mettra en place différentes commissions thématiques, notamment pour réfléchir à l’amélioration de la parité dans sa représentation. En matière de représentation, Nadège Lauzzana a par ailleurs rappelé que chaque adhérent était « un  ambassadeur de l’ADRC en lien avec les territoires ». 

Eric Busidan qui complète sa première année en tant que délégué général de l’Agence s’est réjoui du succès du dispositif d’intervention en sortie nationale mis en place suite aux consultations lancées lors du premier confinement auprès des exploitants et distributeurs et de la mobilisation exceptionnelle de l’ADRC de juillet à octobre 2020 (+34 % d’interventions par rapport à 2019 et 1 153 circulations, dont les 98 circulations record mises en place pour le seul film Calamity de Rémi Chayé). Et c’est à la lueur de ces enseignements que la structure évalue les résultats de la deuxième consultation qu’elle a menée avec le Médiateur du Cinéma courant octobre, pour préparer la nouvelle reprise. 

Laurence Franceschini travaille à l’actualisation éventuelle de sa recommandation de cet été. « L’idée est d’évaluer la pertinence de l’élargissement des plans de distribution. Nous avons été témoins du besoin fort de films de la part de toutes les catégories d’exploitation », a noté la médiatrice qui y décèle aussi une « forme de risque pour la diversité culturelle. La démarche de régulation me paraît d’autant plus nécessaire. » 

Malgré les améliorations constatées en matière d’accès au film au moment du déconfinement, notamment sur l’art et essai, François Aymé note encore des problèmes récurrents : la situation parisienne et dans les grandes villes à forte concurrence, la négociation souvent difficile entre distributeurs et exploitants sur le nombre de séances et l’accès au film des petites salles et les petites villes. Le président de l’AFCAE réclame donc que toutes les villes qui ont un cinéma puissent avoir accès aux films dans un délai de deux semaines maximum. Or pour la médiatrice, « cet accès peut aisément être facilité dans les zones sans concurrence, nonobstant la possibilité d’exploitation d’autres films. Dans les autres zones, il faut réfléchir collectivement aux critères qui doivent nous guider sans porter préjudice à la diversité de l’offre ni accroître la rotation trop rapide des films. » Le président de l’AFCAE admet que le développement d’une telle mesure implique bien entendu des « garde-fous », mais réfute l’idée que l’amélioration de l’accès des petits cinémas aux films nuit à la diversité. « Les dix dernières années ont montré l’exact opposé. Depuis 2010, avec un accès au film facilité par le numérique, le nombre de cinémas classés art et essai est passé de 900 à 1 200 établissements. »

Revenant sur les aides directes aux salles mises en place par les pouvoirs publics, Lionel Bertinet, le directeur adjoint du cinéma au CNC a annoncé que 1 500 cinémas ont déposé une demande de compensation des pertes de recettes. Comme promis, le processus de paiement est en cours, et l’acompte de 80 % a déjà été versé à de nombreuses salles (les autres devant le recevoir d’ici 2 à 3 semaines maximum). Rappelant que l’exclusion des salles en régie directe du fonds de compensation découle d’une décision du gouvernement, Lionel Bertinet a réitéré l’engagement pris par le président du CNC Dominique Boutonnat lors du dernier Congrès des exploitants à étudier toutes les situations au cas par cas, pour qu’aucune salle ne ferme sur le territoire. Le Centre effectue par ailleurs les modifications des conditions contractuelles nécessaires pour l’effacement de la dette Cinenum. 

Dans la continuité de son partenariat avec l’Agence nationale de la cohésion des territoires, l’ADRC signera dès demain 4 novembre une convention avec l’Action Cœur de Ville, avant une autre à suivre sur le projet Petites villes de demain. Ce dernier cible les petites villes et les intercommunalités de moins de 20 000 habitants et est doté de trois milliards d’euros jusqu’en 2026. « Ce programme “cousin” de l’Action Cœur de Ville est une priorité politique du gouvernement et s’appuiera sur une large dimension culturelle, dont les cinémas. Leur fonction essentielle est mise en avant par ce nouveau partenariat avec l’ADRC », a précisé Arthur Courty, responsable partenariats à l’ANCT. 

Intervenant en conclusion des échanges, Richard Patry a tenu à revenir sur les enjeux en matière de programmation. « La période que nous vivons est exceptionnelle et il ne faut pas la prendre comme référence absolue. Certes il est capital que les cinémas aient un accès rapide aux films, mais attention  à ne pas trop accélérer le système », a alerté le président de la FNCF. « Les films doivent avoir une vie dans le temps. Si nous précipitons le mécanisme, c’est notre  fenêtre d’exclusivité de 4 mois dans la chronologie des médias que nous affaiblirons. » Pour l’heure, le principal combat de la Fédération porte sur la possibilité de reprise des séances scolaires. « Nous ne comprenons pas  pourquoi il est aujourd’hui possible d’aller dans un gymnase de lycée ou collège mais pas dans une salle de cinéma dans le cadre des dispositifs d’éducation à l’image, en particulier sur cette période de l’année essentielle à leur lancement. Sans eux, nous allons perdre la nouvelle génération. » Pouvant compter sur le soutien de la ministre de la Culture, la Fédération attend la clause de revoyure prévue dans une dizaine de jours et invite en attendant tous les exploitants à sensibiliser leurs maires et élus locaux pour porter la requête des cinémas.   

Quant à la réouverture générale des salles, Richard Patry reste lucide sur les multiples incertitudes et le manque de visibilité, mais compte bien tirer les enseignements de la première reprise. « Les cinémas ne pourront pas rouvrir sur le même modèle que le 22 juin, sans une alimentation stabilisée en films prometteurs. Il faut que nous soyons en capacité de réenclencher la pompe très rapidement. Et pour cela, nous avons besoin des distributeurs comme du CNC pour garantir leur prise de risque. Il est hors de question qu’ils ne puissent pas bénéficier des promesses qu’on leur a faites, notamment des 22 millions d’euros de soutien prévus pour l’accompagnement du couvre-feu. » 

« À nous aussi de faire œuvre de conviction », a déclaré Nadège Lauzzana en conclusion d’une assemblée générale riche en engagements. Le nouveau CA de l’ADRC se réunit dès demain pour mener à bien le nouvel élan.


CA ADRC (2020-2023)

Collège réalisation : 

Christian Carion, suppléante Mélanie Laurent

Louis-Julien Petit, suppléante Julie Bertuccelli

Collège production :

Edouard Mauriat (Mille et Une Productions), suppléante Elisabeth Perez (Chaz Productions)

Collège distribution :

Vincent-Paul Boncour (Carlotta Films), suppléant Etienne Ollagnier (Jour2Fête)

Michel Saint-Jean (Diaphana), suppléant Eric Lagesse (Pyramide)

Collège programmation :

Emmanuel Baron (Véo), suppléant Arnaud De Gardebosc (MC4)

Collège exploitation :

Youen Bernard (Saint-Foy-la-Grande), suppléant Jacques Boule (Ibos)

Francis Fourneau (Romorantin), suppléante Martine Nicolas (Gien)

Christophe Maffi (Aubenas), suppléante Sylvie Jaillet (Ambérieu-en-Bugey)

François Thirriot (Sedan), suppléante Christine Bentabet (Châteaudun)

Collège collectivités territoriales :

Jean-Philippe Allardi (commune de Sceaux), suppléant Jean-Luc Dupont (commune de Chinon)

Nadège Lauzzana (commune d’Agen), suppléant Frédéric Sanchez (commune de Nérac)

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