La commune du Haut-Rhin s’est dotée d’un nouveau site de sept écrans, porté par un duo expérimenté d’exploitants locaux : Claude Brasseur (Le Florival à Guebwiller) et Jean-Philippe Hochwelker (Le Sélect à Sélestat).
Le cinéma passe un cap à Cernay, municipalité de 12 000 habitants basée à l’ouest de Mulhouse. Le 3 décembre, c’est un écrin flambant neuf qui ouvre pour la première fois ses portes au public alsacien, qui ne cachait pas son impatience d’avoir enfin un établissement digne de ce nom. Jusque-là, les cinéphiles locaux devaient se contenter de la dizaine de séances hebdomadaires organisées par la salle de l’Espace Grün ou la vingtaine des deux salles municipales du Relais culturel à Thann, gérées par la communauté de communes. « Le côté “polyvalent” était un problème et empêchait ces lieux de faire un vrai travail sur les films. Avec La Croisière, nous avons souhaité recréer un cinéma de proximité, qui corresponde aux attentes du public », explique Jean-Philippe Hochwelker.
Énergie neutre
Conçu par Gilbert Long, le nouvel équipement est intégré à un large pôle de loisirs, comprenant un karting, un trampoline park, un laser game, un surf indoor et deux restaurants. Érigé à l’intersection de deux axes majeurs du sud du département, dans le lieu-dit La Croisière dont il tire son nom, le cinéma embrasse pleinement son environnement. « L’architecte aimait bien le profil des Vosges visibles en arrière plan. Il s’est donc inspiré des trois lignes de crête pour imaginer un bâtiment en trois colonnes successives dans un dégradé bleu. » D’un budget de 7 M€, l’établissement ambitionne par ailleurs d’être l’un des premiers cinémas à énergie neutre de France : « Nous souhaitons installer des panneaux solaires qui permettront de revendre autant d’énergie électrique – 300 000 kWh annuelles – que celle consommée », précise Jean-Philippe Hochwelker.
Du parvis, bordé par les terrasses des restaurants, le spectateur gravit quelques marches avant de pénétrer dans les 3 500 m² du Ciné Croisière. « Pour le hall, nous avons travaillé avec des designers qui aménagent des espaces de vente, afin d’avoir un regard neuf sur ce que peuvent chercher des clients dans un cinéma. Pour se démarquer du domicile, nous avons pensé le lieu comme un marché, avec un stand confiserie, un stand “Fais ton ciné” – avec une loge, une régie et des décors permettant à chacun de rejouer des scènes cultes – et une zone plus ludique avec un abécédaire sur l’univers du 7e art. » Un bar avec une scène, idéal pour des concerts et autres événements festifs, complète le tout. Bref, tout sauf « un hall de gare », enchérit Claude Brasseur, qui vante « un vrai lieu de vie ». Passé cet espace vivifiant de 400 m², le spectateur accède aux sept salles, dont la capacité varie entre 50 et 350 places – 976 au total –, avec des fauteuils club inclinables Kleslo ou des sièges Sofia by Ezcaray. Les deux grandes salles, équipées en son Dolby Atmos, possèdent leur propre sas d’entrée bardé de néons, les autres étant en 7.1. L’ensemble arbore une projection laser 4K.
Classement art et essai
Ces installations similaires à celles du Sélect à Sélestat et du Florival à Guebwiller vont permettre une souplesse vis-à-vis du personnel, qui pourra être amené à opérer dans les trois cinémas. Cette synergie s’observe également au niveau de la programmation : « Nous voulons offrir la diversité des films, en mettant en avant des grosses productions mais aussi des films plus indépendants d’auteur, puisque nous avons pris l’engagement, auprès de la Ville, de décrocher le classement », souligne Claude Brasseur. « Les salles municipales misaient beaucoup sur l’art et essai alors que le public était demandeur de plus de blockbusters », abonde Jean-Philippe Hochwelker.
« Nous sommes contents d’ouvrir, d’autant que les grandes salles ont l’air de mieux résister dans ce contexte avec des occasionnels qui se dirigent vers ce type de cinéma. » Pour rappel, distant de 18 km de Guebwiller et de 40 km de Sélestat, La Croisière se trouve par ailleurs à 20 km des cinémas de Mulhouse – Kinepolis, Le Palace et Le Bel Air – et à une quarantaine du Pathé à Belfort. Un maillage riche qui n’enlève en rien le potentiel de la zone, estime le duo d’exploitants, qui vise, à terme, les 250 000 entrées annuelles en ciblant notamment le public des vallées de la Thur et de la Doller.
Focus complet à retrouver dans le Boxoffice Pro n°409 du 1er décembre 2021.
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