Alors que le box-office local affichait toujours un recul de 24 % sur le 1er trimestre 2025 par rapport à 2019, la commission Culture du parlement britannique s’est penchée sur l’ensemble de la filière cinéma et audiovisuelle nationale. Son rapport, rendu le mois dernier, fait état d’un besoin de soutien urgent, et livre des recommandations, souvent inspirées du modèle français.
L’UK Cinema Association, qui a naturellement contribué à l’enquête parlementaire, a pu se réjouir de voir ses propositions figurer dans le rapport final. Parmi celles-ci, la réduction de la TVA sur les billets de cinéma, ou encore la réorientation de la TVA collectée vers des dispositifs de soutien aux investissements de l’exploitation indépendante, notamment en matière de rénovation énergétique. Le rapport souligne toutefois que cette deuxième piste, inspirée du mécanisme français de la TSA (taxe spéciale additionnelle), aurait un coût budgétaire pour le Trésor public.
Les parlementaires ont aussi retenu la proposition de la Film Distributors’ Association d’un crédit d’impôt ciblé sur la distribution et la promotion des films britanniques à petit budget. Ainsi, dans le cadre du budget d’automne 2025, le gouvernement devrait instaurer un crédit d’impôt de 25 % sur les dépenses de copies et publicité des films éligibles au crédit d’impôt pour le cinéma indépendant.
Côté production, l’idée d’imposer une taxe aux services de SVOD réaffectée à la production locale – autrement dit, des obligations de financement de la création telles que prévues dans le décret Smad européen –, est loin de faire l’unanimité outre-Manche. La commission parlementaire note toutefois que plusieurs pays, notamment anglophones – et donc en concurrence directe avec le Royaume-Uni en matière d’attractivité des investissements – envisagent d’introduire des taxes pour soutenir leurs industries créatives nationales, « bien que cela donne lieu, au Canada notamment, à des contentieux juridiques ».
À noter que, malgré le Brexit, les films et programmes audiovisuels produits au Royaume-Uni continuent d’être considérés comme des œuvres européennes dans le cadre des quotas imposés par la directive européenne sur les services de médias audiovisuels (SMA). « Ce statut constitue un atout majeur dans l’attractivité globale du Royaume-Uni en tant que destination de production internationale », indique le rapport.
En l’absence d’une chronologie “officielle” des médias, les quatre mois d’exclusivité communément observés avant la crise sanitaire sont désormais réduits à une moyenne de quatre semaines au Royaume-Uni. Pour autant, peu d’acteurs du secteur auditionnés par la commission se sont montrés favorables à l’idée d’imposer une fenêtre d’exclusivité salle plus longue. Parmi ceux-ci, Chris Bird, directeur de Prime Video UK, estimait notamment que « tout modèle économique consistant à créer de la demande pour un produit, puis à en restreindre l’accès est problématique. Compte tenu de la complexité, des coûts et des efforts nécessaires pour générer de la notoriété – via des campagnes de communication et de relations presse –, le fait de placer le film dans une période de “black-out” rend très difficile de raviver l’intérêt au moment de sa mise en ligne. »
Reprenant la conclusion de la précédente commission, le nouveau rapport estime en outre que la chronologie des médias française dissuade certains streamers de sortir leurs films au cinéma, « comme ce fut le cas pour Saltburn chez Amazon ».
Depuis ces considérations, le secteur du cinéma britannique apparaît comme le plus ébranlé par les droits de douane annoncés par Donald Trump…
Partager cet article