Du 5 au 7 mars, l’association Cinémas 93 a tenu ses 11es journées professionnelles au Ciné 104 de Pantin. La première d’entre elles a offert des pistes de réflexion autour des problématiques d’exploitation en banlieue et autres territoires marginalisés.
Depuis 1996, Cinémas 93 accompagne les cinémas publics et associatifs de Seine-Saint-Denis avec des actions et dispositifs d’éducation populaire. L’association intervient également dans le champ de la formation des exploitants, notamment grâce à ses journées professionnelles, dont la première édition remonte à 2013. Comme à l’accoutumée, le rendez-vous de cette année a été rythmé par des tables rondes et des conférences, avec une première journée dédiée aux problématiques de l’exploitation dans les quartiers populaires du territoire français.
« L’événement crée la rencontre »
En ouverture, Vivien Soldé, docteur en sciences de l’éducation et de la formation, est brièvement revenu sur l’histoire des ciné-clubs dans la région et le rôle qu’ils ont assuré dans le paysage cinématographique : « Ce modèle, populaire dans l’après-guerre, s’articule en trois temps : une présentation du film, une projection et une discussion avec le réalisateur ou un spécialiste », rappelle-t-il, en prenant appui sur sa thèse et ses recherches dans le cadre du projet SAFO-93. Si jadis les exploitants observaient ce dispositif comme de la concurrence déloyale, ils tentent désormais de s’en inspirer dans leurs logiques de travail : « Nous essayons de proposer des programmations qui s’approchent de ces expériences-là, en assurant des présentations de films peu visibles. Et l’événement crée la rencontre », complète Mathilde Rouxel, programmatrice, co-directrice artistique du festival Aflam et directrice du festival du film franco-arabe de Noisy-le-Sec lors de la table ronde sur la programmation dans les quartiers populaires.
S’immerger au sein de la population, écouter les pratiques sans jugement et s’appuyer sur les velléités des communautés résidentes en banlieues sont autant de pistes abordées lors de ce même moment d’échange. À cette problématique, les cinémas itinérants, qui ont fait l’objet d’une discussion dans l’après-midi, apportent également leur lot de solutions. « Il ne s’agit pas uniquement de projeter un film dans une salle ou en plein-air, mais d’accompagner les habitants en matière d’éducation à l’image pour les inciter à aller en salles. On vient en complément de ces dernières », précise Anne Lidove, présidente de l’Association nationale des cinémas itinérants.
La journée s’est clôturée par une session questions-réponses avec l’Américaine Rebecca Fons, directrice et programmatrice du Gene Siskel Film Center à Chicago et du Iowa Theatre à Winterset ; l’occasion de revenir sur l’écosystème économique et culturel de l’exploitation art et essai aux États-Unis. Les deux journées qui ont suivi se sont pour leur part articulées autour de la création cinématographique et l’éducation à l’image.
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