Né il y a 15 ans d’une volonté « d’explorer des endroits cinématographiques peu exploités », comme le résume son co-fondateur Stéphane Auclaire, UFO – OVNI en anglais, mais chez nous « Objet filmique non identifié » – a connu un très bel exercice 2024.
Avec 776 000 entrées réalisées, le distributeur indépendant réalise une impressionnante hausse de plus de 400 % par rapport à 2023. Ses huits films de 2024 résument bien « l’identité double de la structure, entre observation de la société contemporaine, à l’instar d’Amal, un esprit libre, The Outrun, La Tête froide et Une autre vie que la mienne, et singularité formelle ou narrative, incarnée par Universal Theory, 100 000 000 000 et Flow ». Ce dernier, qui représente 67,5 % des entrées d’UFO sur l’année, est devenu le plus grand succès du distributeur avec 524 000 tickets en 2024 (550 758 à l’heure où nous bouclons ce numéro), un « pari payant, et dont la carrière est loin d’être finie avec la saison des récompenses – en témoigne son récent Golden Globe du meilleur film d’animation –, ainsi que les séances scolaires ». Pour sa diffusion dans les salles françaises, le distributeur a adopté « une position similaire à celle de La Tortue rouge [le film d’animation de Michael Dudok de Wit, distribué en 2016 par Wild Bunch, ndlr.], qui avait réalisé 330 000 entrées sur sa première partie de carrière, avant de dépasser les 600 000 grâce aux scolaires. Pour Flow, nous pensions atteindre les 250 000 si tout se passait bien, voire les 350 000 si tout se passait très bien. Son succès montre qu’il y a bel et bien un public pour les films singuliers. »
En effet, bien que Stéphane Auclaire juge très positivement l’année d’UFO – et ce, malgré des résultats en deçà des attentes comme ceux de The Outrun ou Universal Theory –, il regrette un « durcissement du marché pour de plus en plus de films », où les œuvres sont évaluées selon « une présomption de potentiel économique, l’artistique arrivant loin derrière. Un film comme 100 000 000 000 est donc rapidement catégorisé comme “dangereux”, or, comme le disait Godard, c’est la marge qui tient la page ! »
Le line-up 2025 d’UFO prolongera cette « exploration des failles » chère à la structure, avec certains films « complètement dingues ». L’année commence par Un monde violent de Maxime Caperan ce 29 janvier, plongée frénétique sur un braquage qui débouche sur une spirale de violence. Viendra ensuite, le 26 février, Bonjour l’asile de Judith Davis, réalisatrice de Tout ce qu’il me reste de la révolution, déjà distribué par UFO à sa sortie, en 2019, et qui avait dépassé les 100 000 entrées. Le 26 mars sortira Aimer perdre de Harpo et Lenny Guit, film « d’une nouvelle génération, qui s’adresse majoritairement à un public de moins de 35 ans », et dans lequel sont notamment présents Catherine Ringer et Melvil Poupaud. Il sera suivi par The Gazer de l’Américain Ryan J. Sloan, un premier long métrage de genre, incarnant un « nouveau cinéma indépendant américain », passé par la Quinzaine des Cinéastes, daté au 23 avril. Enfin, le distributeur sortira à la fin du semestre Else de Thibault Emin et Reflet dans un diamant mort, le nouveau long métrage du duo Hélène Cattet et Bruno Forzani, « plus ouvert que leurs précédents, comme Coralie Fargeat l’a fait avec The Substance ». De quoi bien compléter la galaxie que construit progressivement UFO.
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