Un accord inédit entre producteurs et scénaristes de fiction

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Aboutissement d’une négociation en cours depuis plusieurs années, la Guilde française des  scénaristes, la SACD, le SPI et l’USPA ont conclu un accord interprofessionnel « majeur et innovant » qui instaure, notamment, une rémunération minimale des travaux d’écriture et un intéressement au succès des oeuvres pour les scénaristes.

Leur communiqué reproduit in extenso

Avec le désir de poursuivre l’écriture de leur histoire commune, les organisations représentant  les scénaristes et les producteurs vont plus loin que les précédents accords sur les pratiques  contractuelles de 2012 et 2015 afin d’apporter des réponses aux nouveaux défis de la fiction. 

Prenant appui sur l’accord transparence de 2017, ce nouveau cadre de relations entre  scénaristes et producteurs tire les conséquences d’un univers de la fiction qui a profondément  évolué et de nouvelles logiques de production qui se sont imposées. 

Il poursuit 4 objectifs communs, essentiels pour construire l’avenir de la fiction française et  mieux financer l’écriture : 

Mieux encadrer les usages entre auteurs et producteurs dans des modèles de  fabrication de la fiction plus collaboratifs ; 

Mieux partager des définitions communes, à travers l’instauration d’un lexique  exhaustif de l’écriture de fiction ; 

A travers cet accord, les parties se sont entendues sur les différentes étapes  d’écriture, avec un encadrement du nombre de pages et du nombre de versions  successives, et sur les échanges correctifs entre scénaristes et producteurs. 

Une définition modernisée de la bible de série originale, adaptée aux nécessités  des nouveaux modes de production, a également été actée. 

Le lexique est également complété, pour la première fois, par une définition de  l’atelier d’écriture structuré (ADES) et des conditions de sa mise en œuvre,  démontrant que ce cadre d’écriture collaboratif provenant des usages anglo saxons peut s’adapter aux impératifs du droit d’auteur français.

Mieux protéger les auteurs, via l’instauration d’une rémunération minimale des  travaux d’écriture ; 

Les auteurs et autrices bénéficieront d’un double niveau inédit de protection. 

D’une part, l’accord innove avec la mise en place d’une enveloppe minimale  d’écriture (EME). Il garantit ainsi qu’une proportion minimale de dépenses en  droits d’auteur, renforcée quand la production se fait dans le cadre des ADES,  sera affectée à la rémunération des travaux d’écriture de l’œuvre concernée. 

D’autre part, cette garantie d’un investissement minimal dans l’écriture est  accompagnée d’une protection individuelle. Dans le cadre d’un contrat de  commande de texte et de cession de droits relatif à une œuvre dont le  processus d’écriture s’élabore en dehors d’un ADES, l’accord prévoit qu’au  moins 70% de la rémunération totale du scénariste sera versée au titre des  étapes d’écriture successives ayant conduit à la remise de la première version  de la continuité dialoguée de l’épisode de série ou de l’unitaire objet de ce  contrat. 

Enfin, la modernisation de la définition de la bible de série originale s’enrichit  d’un encadrement nouveau des conditions financières de l’écriture d’une bible,  en instaurant là aussi une rémunération minimale, au bénéfice des auteurs et  autrices. Son montant sera augmenté dès lors qu’une convention de  développement sera conclue avec un éditeur de services. 

Mieux associer les auteurs au succès des œuvres, notamment à l’international, grâce  à la mise en place d’un intéressement après amortissement 

L’accord définit et rend désormais obligatoire, au bénéfice des scénaristes  entrant dans son champ d’application, un mécanisme automatique de  rémunération complémentaire après amortissement du coût de l’œuvre. 

Au terme de cette longue concertation, que le ministère de la Culture et le CNC ont facilitée et accompagnée favorablement jusqu’à sa conclusion, l’ensemble des parties signataires  souligne l’apport essentiel de cet accord au renforcement du lien primordial entre les  scénaristes et les producteurs délégués. Elles estiment que face aux mutations que continue  à vivre la fiction française et à la nécessité de toujours la renforcer, cet accord marque une  nouvelle étape essentielle et indispensable. 

Naturellement, elles sollicitent la ministre de la Culture, Rima Abdul-Malak, pour prendre  rapidement un arrêté d’extension de cet accord afin de le rendre incontournable pour  l’ensemble des professionnels de la fiction française. 

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Marie Roussin, présidente de la Guilde française des scénaristes : « Cet accord est la preuve  que seule l’union de tous les scénaristes peut faire aboutir des négociations aussi  ambitieuses. » 

Pierre-Yves Mora, élu fiction de la Guilde française des scénaristes : « Dans un paysage  audiovisuel en mutation, cet accord ambitieux constitue une base précieuse et sans  précédent afin de consolider le rôle fondamental des scénaristes dans la fiction française. » 

Anne Rambach, présidente de la SACD : « Jamais des organisations d’autrices et d’auteurs en  France n’ont négocié un accord d’une telle ampleur, d’un point de vue contractuel et financier.  Il constitue un espoir pour les autrices et auteurs de tous les répertoires qui ont, aujourd’hui, à  défendre leurs droits et leur rémunération. » 

Pascal Rogard, directeur général de la SACD : « Renforcer le financement de l’écriture et  l’encadrement des relations entre auteurs et producteurs sont des enjeux majeurs pour  préparer l’avenir de la fiction. Cet accord y apporte une très utile contribution. » 

Nora Melhli, présidente du bureau audiovisuel du SPI : « Cet accord est l’aboutissement de  cinq années de réflexion et de discussions durant lesquelles nous avons interrogé nos pratiques  et trouvé un cadre reflétant une relation constructive et de confiance entre les producteurs et  les auteurs scénaristes de fiction. Je me réjouis de ce lien renforcé et modernisé qui va nous  permettre ensemble de faire face aux défis engendrés par la mutation de notre secteur ». 

Iris Bucher, présidente de l’USPA : « Nous nous félicitons de ce nouvel accord conclu avec les  scénaristes de fiction, qui scelle un nécessaire et vertueux partenariat entre auteurs et  producteurs. Cet accord ambitieux illustre notre capacité conjointe à accompagner les  mutations de la fiction française, pour faire face aux défis d’une compétition accrue tant au  niveau national qu’international. » 

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