Tribune : Le SCARE réclame « un vrai plan d’urgence » pour l’exploitation

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Les cinémas indépendants, par la voix du Syndicat des cinémas d’art, de répertoire et d’essai, appellent à un renforcement financier du CNC et à un vrai plan d’urgence pour le secteur. Voici leur tribune.

« Plus de 1000 cinémas indépendants irriguent le territoire et réalisent chaque année plus de 40 % des entrées nationales, soit, en 2019, près de 90 millions d’entrées. Au-delà des chiffres, nos salles sont implantées au cœur des grands centres-villes, dans les villes moyennes et petites et sont parfois le seul lieu culturel du territoire. Elles proposent une programmation de qualité au public et sont indispensables à la découverte des talents qui deviennent ensuite les auteurs mondialement reconnus mais surtout, leur action par l’animation, les débats, les venues de réalisateurs qu’elles proposent chaque semaine, favorise non seulement le lien social mais constitue le poumon de l’activité sociale et économique de tout un quartier voire d’une ville.
Ouverts 7 jours sur 7, de 9h à minuit, nos cinémas permettent à de nombreux secteurs d’activités de bénéficier par ruissellement du dynamisme de notre engagement : nos prestataires directs, agence de communication, traiteurs, graphistes, professions précaires de la culture, auteurs, intermittents, mais aussi le tissu associatif local et les commerces de proximité : bars, cafés, restaurants, boulangeries, tout un florilège de commerçants se sont installés près de nos établissements et dépendent en grande partie de nos publics. Nous souhaitons, par cette démarche, les soutenir, ils sont aujourd’hui 2,5 millions à connaître la discontinuité de l’emploi du fait de cette crise.

Nous rappelons que les cinémas indépendants sont l’un des maillons indispensables d’une industrie cinématographique qui participe à l’économie nationale à hauteur de 15 Milliards d’euros, responsable de 125 000 emplois (16 000 pour l’exploitation sans recours à l’intermittence malgré la saisonnalité de son marché), renforcent d’autres secteurs tout en contribuant par le paiement de différents taxes et impôts au budget national. La fermeture de plusieurs mois de nos établissements, au-delà du manque à gagner qu’ont connu tous les commerces, a largement bouleversé les rouages essentiels et vertueux de l’Exception Culturelle française coordonnés par le Centre National de la Cinématographie. Le CNC, qui collecte et redistribue la taxe prélevée sur les entrées des salles de cinéma (TSA) et sur les services de TV et vidéo (TST), fait aujourd’hui face automatiquement à une baisse vertigineuse de ses recettes et ne pourra donc pas assurer normalement sa mission auprès de l’ensemble des professions du cinéma.

Nous demandons aujourd’hui avant tout à l’Etat de non seulement combler ce manque à gagner indispensable à la poursuite de nos activités mais appelons à un renforcement des finances du CNC afin d’envisager la relance économique de notre industrie. En effet, celle-ci repose sur un modèle re-distributif vertueux d’épargne qui alimente les investissements de chaque profession tout en soutenant les plus audacieux. Ce renforcement est indispensable pour réamorcer notre mission sur nos territoires en 2021 et les années à venir et être à nouveau en mesure d’organiser la collecte de TSA nécessaire au maintien de l’Exception Culturelle française dans le domaine du cinéma. Nous rappelons qu’entre 2011 et 2014, l’Etat a prélevé 372 Millions d’euros sur les réserves du CNC, qui aujourd’hui font défaut.

Nous appelons également à une coordination des différentes collectivités (région, département, communauté de communes, ville) afin que l’ensemble des salles puissent bénéficier d’aides économiques les mieux-disantes.

Nos salles s’acquittant aussi d’une mission indispensable à tous : l’éducation à l’image, qui pour certaines représentent une part importante de leur activité avec des salariés dédiés. Nous déplorons les entrées scolaires non réalisées entre mars et juillet, et l’incertitude qui pèse sur la rentrée, que nous souhaitons voir comblées.

Nous appelons à un plan de relance massif sectoriel afin que nos établissements, déjà dangereusement fragilisés avant la crise, évitent à tous prix des dépôts de bilan. Les effets d’une fermeture de plus de deux mois et la faiblesse des entrées depuis la réouverture alors que nous devons rembourser les emprunts, payer les salaires, les charges et l’ensemble des reports se feront sentir pendant de longs mois ; la situation est particulièrement inquiétante et nécessite des mesures fortes et urgentes.

Nous comptons sur le nouveau gouvernement et en particulier Madame Roselyne Bachelot, Ministre de la Culture et Monsieur Bruno Le Maire, Ministre de l’Economie et des Finances pour assurer le maintien des cinémas indépendants, vecteurs de lien social auprès des citoyens et garants de la diversité et ainsi réaffirmer la souveraineté culturelle. »

Les membres du conseil d’administration du SCARE : Christine Beauchemin-Flot (Le Select), Antony Jérémy Breta (American Cosmograph Toulouse), Martin Bidou (Le Louxor et le Nouvel Odéon Paris, Le Sémaphore Nîmes, Le Forum et l’Astrée Chambéry), Paul-Marie Claret (Le Meliès Saint-Etienne), Sylvain Clochard (Le Concorde Nantes), Maila Doukouré (Cinéma du Panthéon Paris), Frédérique Duperret (Le Comoedia Lyon), Julie Laurent (Les Ecrans de Paris), Stéphane Libs (Les Cinémas Star Strasbourg), Olivia Reggiani (L’Ermitage Fontainebleau, les Enfants du Paradis Chartres et Fontainebleau, Le Meliès Nemours), Pascal Robin (Les 400 Coups Châtellerault), Boris Thomas (Ciné St-Leu Amiens), Caroline Tronquoy (Cinéma François Truffaut Chilly Mazarin).

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