Séminaire Cinéo Cémineo : Trouver des solutions

Aujourd’hui Cinéo, l’association (depuis 2009) et le syndicat (depuis 2017) d’exploitants privés et indépendants, représente 21 millions d’entrées et 612 écrans dont 110 nouveaux depuis le 1er janvier. Le séminaire, au doux nom de Ceminéo, s’est déroulé les 14 et 15 juin à Arcachon et a réuni adhérents et partenaires. Assemblée générale, points sur les projets et groupes de travail, speed-datings avec les partenaires, et rendez-vous conviviaux ! Le bon équilibre… Bilan et parole donnée aux membres du bureau.

Le collectif comme leitmotiv

Cinéo est avant tout un regroupement d’exploitants privés qui avaient envie de rencontre et de partage. “Nous restons fidèles à nos syndicats régionaux mais Cinéo est une voix supplémentaire et unique”, explique Jean-Fabrice Reynaud. “Ce qui est primordial pour moi, c’est la défense de l’indépendance privée et la mise en commun de l’expérience et des bonnes pratiques. Je recherche la réussite des objectifs collectifs”, ajoute Judith Reynaud. Président pendant plusieurs années et depuis 2 ans vice-président, Arnaud Vialle se réjouit de voir le bureau s’agrandir et le travail collectif effectué. “C’est difficile pour des cinémas indépendants de se retrouver seuls en province, c’est une opportunité de partager nos expériences”, confie-t-il. Les salles répondent aussi à un besoin de se faire entendre et d’être représentées. Cathy Coppey a notamment la volonté de “montrer l’existence des privés indépendants et d’avoir de la visibilité par rapport aux distributeurs et aux institutionnels. La taille de nos équipements n’est pas toujours visible”.

La mutualisation

Avec la problématique de la collecte des VPF, l’union était devenue une nécessité.  Marie-Christine Désandré rappelle qu’après avoir négocié avec les distributeurs des contrats gagnants-gagnants, Cinéo a mis en place un système vertueux. “On a bien fait le travail, honnêtement, et en toute transparence, nous sommes d’ailleurs reconnus pour ça.

Quant aux autres travaux communs, le bilan s’avère tout aussi positif. Le premier est la mise en place de la centrale d’achat des lampes xénon. Avec un objectif largement dépassé de 600, ce sont donc 751 lampes qui ont été achetées en 12 mois auprès de l’ADDE qui a remporté l’appel d’offre. Le deuxième objectif concerne la mise en place d’un programme de fidélité pour la clientèle avec l’équipementier Monnaie Service, avec un système de points transformables en cadeaux et dotations. Le troisième consiste en la mise en place d’un programme de jeune public clé-en-main, qui sera reconduit en y incorporant aussi des programmes de courts métrages. Le quatrième axe concerne le développement durable. 15 cinémas de Cinéo fonctionnent avec de l’énergie renouvelable, la communication autour de ce geste écologique étant également pédagogique auprès de clients. Des recherches ont été effectuées concernant le recyclage des lampes xénon et l’obtention d’un certificat. Le tri sélectif a été mis en place dans de nombreux sites et un partenariat avec Happy Loop établi pour des poubelles ludiques.

Pour les futurs projets, un groupe porté par Eva Letzgus ambitionne de mettre en place pour septembre un programme de mentorat pour les femmes dans l’exploitation, afin de les mettre en lien par un système d’annuaire ouvert à tous les réseaux. Enfin, Cinéo a obtenu l’agrément pour être centre de formation et propose des modules personnalisés en salle de cinéma et adaptés aux employés de l’exploitation. Les inscriptions pourront se faire en ligne. Ces formations seront clé-en-main, simplifiées, personnalisées et permettront d’utiliser le budget AFDAS parfois oublié.

Afin de gérer au mieux la centrale d’achat et les négociations, Cinéo investira bientôt un bureau parisien et se met en recherche d’un chargé de mission.

S’opposer : les sujets d’actualité

Le syndicat a été créé il y a un an afin d’être pris en compte et entendu, notamment au conseil fédéral. “Il n’a pas été créé pour faire de l’ombre, ni pour dépeupler les autres syndicats. Nous ne sommes en guerre contre personne, mais nous ne sommes pas contents”, s’insurge Marie-Laure Couderc. “Ce qu’on veut c’est travailler et proposer des solutions constructives à nos adhérents et chercher à rectifier le déséquilibre des charges.” Et Cathy Coppey de compléter : “Et de pouvoir fonctionner comme un groupe, avec en plus une préoccupation environnementale.”

Le groupement représente une voix singulière de l’exploitation indépendante etdoit être force de proposition et parfois force d’opposition ”, affirme Jean-Marc Carpels. “La parole est plus libre chez Cinéo que dans un syndicat régional, “cela m’aide à rester indépendant et autonome, sinon j’aurais dû m’associer avec des tiers ou des fournisseurs”.

Le sentiment général est que l’exploitation est mal perçue, son image réductrice et dénigrée, “voire souvent désignée comme bouc émissaire”, regrette Anne-Claire Brunet. Comment montrer le rôle prépondérant et régulateur de l’exploitation dans la filière? “C’est l’exploitation qui soutient le marché en investissant dans l’infrastructure”, ajoute Marie-Laure Couderc “Le marché est inondé par les films et c’est un handicap : plus il y a de films, moins ils existent. Il faut que notre système trouve un moyen de se réguler. C’est impossible de voir 15 films par semaine, impossible de faire des choix”, s’accorde Jean-Fabrice Reynaud, “notre façon de résister est de suréquiper nos salles, nous avons considérablement augmenté le nombre d’écrans, de séances et de capacité d’accueil, amélioré la qualité d’accueil, de projection et de confort. Ça, c’est occulté par les créateurs et les médias !

L’ensemble de ces indépendants privés, qui ont pris leur destin en main, dénonce et réagit à “l’ingérence”  qu’ils subissent, notamment en référence aux engagements de programmation et d’animation. Marie-Christine Désandré ajoute : “Nous sommes des chefs d’entreprise qui connaissons notre métier. La diversité n’est pas un concept récent dans nos exploitations, nous la pratiquions avant les engagements, et avec meilleur humeur… Aujourd’hui on nous enferme dans des quotas contre-productifs qui ne font qu’ajouter à la lourdeur du travail de programmation, il nous est demandé de remplir des cases là où il faudrait penser plus à la qualité des œuvres produites si nous voulons continuer à attirer le public dans les salles de cinéma”.

Chronologie des médias et lutte contre le piratage

Concernant les grandes questions d’actualité, telle a chronologie des médias, Marie-Christine Désandré a rappelé qu’un accord était quasiment prêt, qu’il restait à déterminer la limite de la dérogation de la fenêtre salle, problématique corrélée à la lutte contre le piratage, dont le Pass Culture pourrait être un élément positif. L’ensemble espère une réglementation enfin efficace. “La fréquentation devrait se situer à 220 voire 230 millions d’entrées !”, affirme Arnaud Vialle. Pour agir concrètement, Cinéo diffuse un petit film avant les dispositifs scolaires afin d’éduquer et informer les plus jeunes.

L’après-VPF

Concernant l’observatoire après VPF, il a été fort regretté que la grande exploitation ait été évincée des réunions, Line Davoine, présidente de la grande exploitation, ayant fait une demande au CNC dans ce sens. Marie-Laure Couderc renchérit : “Au Congrès les débats avec les pouvoirs publics nous donnent très peu la parole.” Une demande officielle sera formulée à la Fédération afin d’allonger le temps d’échange avec la salle.

Le travail de l’observatoire de la petite et de la moyenne exploitation devra apporter des solutions objectives et équitables au renouvellement du matériel, les premières réunions avec le CNC se sont déroulées dans un souci commun de pragmatisme et de clarté. Le rééquipement, lorsqu’il viendra, ne pourra pas se faire sans accompagnement.

Pour le reste, nous restons attachés à notre indépendance et devons continuer à trouver des solutions par nous-mêmes”, conclut Marie-Christine Desandré.

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Le bureau, qui respecte parfaitement la parité, se compose de 10 personnes :

  • Présidente : Marie-Christine Desandré (Loft Cinémas, Cinea Cinémas)
  • Vice-présidents : Jean-Marc Carpels (Forum de Sarreguemines), Arnaud Toussaint (Le Palace d’Epinal), Arnaud Vialle (Cinéma Rex de Sarlat), Judith Reynaud (CinéParadis, Le Select) et David Pajczer (Le Cinq de Lagny, Studio 31 de Chessy)
  • Trésorière et trésorière adjointe : Marie-Laure Couderc (C2L) et Anne-Claire Brunet (CinéCentre de Deux, Vox de Rambouillet)
  • Secrétaire et secrétaire adjoint : Cathy Coppey (Ociné) et Jean-Fabrice Reynaud (Cinémas Opéra de Reims, Majestic de Lisieux…)