L’adaptation cinéma de la web-série phénomène Le Visiteur du futur par son réalisateur d’origine, François Descraques, est sorti en salles ce mercredi par KMBO. Le producteur Robin Boespflug-Vonier et les acteurs principaux Enya Baroux et Florent Dorin, reviennent sur sa conception.
Comment passe-t-on du format web au cinéma et comment vous êtes-vous lancés dans cette aventure ?
Robin Boespflug-Vonier : Les premières saisons du Visiteur du futur duraient environ 1h30 et il était naturel pour François Descraques d’aller vers un format cinéma. L’idée n’était pas de faire une saison 5 sur grand écran, mais un vrai film de cinéma qui s’adresse à tous.
Je connaissais l’univers de François que j’ai rencontré il y a cinq ans, nous avons le même âge et les mêmes envies. Avant d’être président de Pyramide Productions, j’ai commencé comme responsable du développement et je l’ai tout de suite appelé : il était déjà en train de travailler sur le film avec Ankama Productions, avec lesquels nous avons continué et tout donné, pendant quatre ans de travail, marqués par le Covid et les arrêts.
Florent Dorin : C’était un rêve de gamin : tout ce qui nous a nourri au départ pour la série vient des films que l’on a vus au cinéma, ou plus tard en VHS sur les rayons obscurs des vidéo-clubs. Et en progressant dans la série, nous avons un peu fait le tour de ce que l’on pouvait faire sur internet et eu envie d’aller vers notre désir originel de cinéma. Mais entre l’envie et la concrétisation, il a fallu beaucoup de temps, de travail sur le scénario… et d’inventivité pour qu’un euro dépensé en paraisse dix à l’écran.
Nous avons vraiment l’espoir de toucher un public que l’on ne connaît pas encore, et que le succès puisse avoir une influence sur la nouvelle création en France, en ouvrant l’esprit de certaines institutions, ce sera la plus belle chose des récompenses. Car le film de genre a toute sa place aujourd’hui en France.
Vous dites avoir été nourris de cinéma, et aujourd’hui le cinéma se nourrit de ce qui se fait sur le web. Qu’avez-vous souhaité garder de l’esprit de la série ?
R. B-V.: Nous avons essayé de garder cet esprit un peu débrouille qui fait le sel de la série, de ce futur des premières saisons qui se trouve dans la cave de François Descraques, tout en souhaitant faire un vrai film de cinéma, qui en mette plein les yeux. Il fallait fusionner ces deux façons de faire, en réunissant des techniciens de cinéma chevronnés et une partie de l’équipe de la série, dont le compositeur de la musique et la costumière, en gardant le meilleur des deux mondes pour créer un univers hybride et faire un film qui ne ressemble à aucun autre. Nous voulions aussi la même bande d’acteurs d’origine, en particulier Florent Dorin et Raphaël Descraques, tout en ouvrant, notamment pour le financement, à des gens plus connus comme Arnaud Ducret et tous les guests qui apparaissent (Mcfly et Carlito, Kyan Khojandi, Navo, David Marsais, Monsieur Poulpe, Davy Mourier…). En gardant bien sûr l’humour de la série, mais aussi une authenticité, car sur les films de genre on ne peut pas tromper le public.
Et on pense d’abord au public jeune…
R. B-V.: Bien sûr, mais aux moins jeunes aussi : la série a été créée il y a plus de dix ans, certains la regardaient à l’âge de 18 ans et ont maintenant des enfants qui la regardent avec eux. Le Visiteur du futur a duré et fédéré sur la longueur. Par ailleurs, il y a un public plus âgé qui a envie de découvrir de nouvelles têtes et de nouveaux univers.
F.D. : Si c’est le genre de film que j’aurais aimé voir à 10-15 ans, comme ceux qui ont découvert Jurassic Park ou Retour vers le futur à cet âge, il n’y a pas que les ados qui aiment la science-fiction ! Ceux auxquels Star Wars a vrillé la tête dans les années 70-80 continuent à en regarder. Quand nous avons commencé la série en 2009 – avant l’explosion de Youtube et quand elle était sur DailyMotion – il existait déjà des rassemblements autour de la pop-culture et des conventions pour les geek. De petites associations nous invitaient à rencontrer notre public, ce qui nous motivait beaucoup pour continuer, mais nous observions aussi un public assez familial. Au fil des saisons, nous avons été invités par des cinémas qui diffusaient l’intégrale et faisions déjà de vraies tournées.
Et ceux qui ne connaissant rien à la série suivront-ils ?
Enya Baroux : De mon côté je ne la connaissais pas du tout, tout comme la fille que j’interprète ne sait rien de l’univers où elle débarque. Mon personnage a été créé, comme celui d’Arnaud Ducret, justement pour emporter le spectateur qui ne connaît rien à la série. Je l’ai découverte après le tournage et j’ai trouvé ça fou, l’évolution entre la saison 1 qui est un délire de potes bricolé et le film qu’on a tourné, dans la joie et le plaisir, mais avec un budget et une équipe très professionnelle. C’est mon premier vrai rôle principal : celui d’une héroïne qui veut sauver le monde, ce qui en France arrive une fois tous les 30 ans !
R. B-V.: Par ailleurs, le travail du distributeur est exceptionnel. KMBO est arrivé en cours de route et nous sommes ravis. Ils travaillent le film comme de la dentelle, parlent avec nous chaque jour sur tous les détails de la sortie : c’est rarissime d’avoir un distributeur aussi investi sur un film, et cela portera ses fruits.
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