Quand la VO est française et les sous-titres en anglais

Un apéro-expat' atour d'une séance LIF, au Luminor de Paris © Maxime Gay

Les séances Lost in Frenchlation, destinées aux expatriés, s’étendent peu à peu à travers le territoire.

L’idée a germé dans la tête de Manon Kerjean il y a quelques années à… Berlin, lorsque, en tant que jeune étudiante en échange universitaire, elle découvre la complexité de voir des films locaux quand on ne connaît pas la langue du pays. De retour à Paris, où le Champs-Élysées Film Festival est le seul événement proposant des films français sous-titrés en anglais, la jeune femme co-fonde en 2015, avec son complice australien Matt Bryan, Lost in Frenchlation et organise, une à deux fois par semaine, des séances au Luminor Hôtel de Ville, à L’Entrepôt, à L’Arlequin ou encore au Club de l’Étoile. Bien entendu, l’initiative était destinée à se déployer au-delà de la capitale, avec des rendez-vous à Biarritz depuis l’été dernier, à Hérouville-Saint-Clair et Marthon (Charente) depuis décembre 2022, et à Lyon et à Nice depuis mars 2023.

Certes, les séances événementielles proposées à Paris, en présence d’équipes et réalisateurs « toujours très enthousiastes à l’idée de rencontrer ce public, qui offre d’autres retours et visions, sont difficiles à reproduire en province », confie Manon Kerjean. Idem, les spectacles de stand up qui peuvent accompagner une projection de comédie (la prochaine étant prévue le 25 mai à L’Arlequin pour accompagner La Vie pour de vrai de Dany Boon) ou les ciné balades qui, régulièrement, précédent les séances, sont, pour l’heure, cantonnés à l’offre parisienne. « Mais tous les cinémas peuvent s’emparer de Lost in Frenchlation à leur manière et organisent, a minima, un cocktail. Car la majorité des spectateurs viennent avant tout pour rencontrer d’autres expatriés », note l’organisatrice. De quoi constituer « un public de niche qui découvre ainsi le cinéma et qui, une fois conquis, permet de capitaliser sur les autres séances en VO ». 

Manon Kerjean en compagnie de Jimmy Laporal-Tréso, réalisateur des Rascals en « version Lost in Frenchlation » © Maxime Gay

Lost in Frenchlation négocie les films auprès des distributeurs ou vendeurs internationaux – auprès desquels sont généralement obtenus les copies sous-titrées en français, initialement utilisées pour les festivals internationaux –, se rémunérant en pourcentage des recettes sur les entrées. Or ces spectateurs sont difficiles à capter via les canaux habituels de communication, a fortiori francophones. La structure gère donc aussi la communication en anglais, notamment sur les réseaux sociaux ou via les forums, et la mise en contact avec des partenaires locaux et nationaux. « Puis, le bouche-à-oreille se crée, les communautés d’expats discutent beaucoup entre elles. » Sur les 300 rendez-vous organisés depuis 2015, Lost in Frenchlation a attiré plus de 30 000 spectateurs, soit une centaine en moyenne par séance. Un public anglophone qui reste encore à développer dans de nombreuses villes de province, notamment à Marseille, Bordeaux, Montpellier, Strasbourg, Toulouse… « avec la possibilité, à terme, de tous les fédérer autour de débats diffusés en simultané dans les salles via la plateforme Cuult’ ». De quoi faire rayonner encore plus le French cinema dans les cinémas français.

Summer Camp
Au programme parisien de Lost in Frenchlation, une nouvelle collaboration avec le Champs-Elysées Film Festival, précédé d’un rooftop-apéro au Publicis, et des séances gratuites en plein air en partenariat avec le festival La Chaise et l’Écran de la mairie du 11e arrondissement.

Un apéro-expat' atour d'une séance LIF, au Luminor de Paris © Maxime Gay

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