Un an et demi après avoir été créée, l’association nationale a remporté l’appel à initiatives du CNC pour coordonner désormais les dispositifs École et Collège et cinéma.
En septembre dernier, dans la foulée de ses déclarations au Congrès de la FNCF, le CNC lançait un appel à initiatives pour réorganiser la coordination nationale des dispositifs d’éducation à l’image, notamment celle de Collège et cinéma. L’association historique Les Enfants de cinéma, qui gère le dispositif École et cinéma depuis 25 ans et qui travaillait depuis un an sur la reprise de Collège au Cinéma à la demande du CNC, s’est vu retirer sa mission de coordination au profit de Passeurs d’images.
Cette association nationale, créée à l’initiative des coordinations régionales qui ont souhaité refondre en 2017, pour continuer à le qualifier, le projet national historique créé en 1991, coordonne le dispositif éponyme en s’appuyant sur une longue expérience. Un des objectifs est de « démocratiser l’accès aux pratiques cinématographiques et audiovisuelles et de renforcer les liens avec le milieu du cinéma, raison pour laquelle nous avons proposé au cinéaste Laurent Cantet d’en être le président », explique Patrick Facchinetti, délégué général. « Tout en étant attentif à préserver la richesse et la singularité de chaque dispositif, il s’agit de favoriser les synergies entre les actions développées sur les temps scolaires, péri-scolaires et hors-temps scolaires et de démultiplier les pratiques artistiques.L’objectif est de proposer un parcours d’éducation aux images et de toucher le plus grand nombre possible de jeunes, de la maternelle au lycée et au-delà, en mettant la salle au cœur de cette réflexion. »
Transfert et finances
Si son association a remporté l’appel, pour Patrick Facchinetti, « personne n’a gagné ou perdu : nous sommes depuis le départ dans une dynamique de rassemblement et avec la volonté de nous appuyer sur l’expérience et les compétences de chacun, notamment celles de l’ensemble des cinéastes et des différents acteurs du dispositif Ecole et Cinéma. Nous avons proposé de fédérer au sein d’une structure commune l’ensemble des professionnels, afin de mutualiser et d’optimiser les pratiques ». Pour l’heure, il s’agit bien d’un transfert d’activité, Passeurs d’images devant reprendre les salariés et les outils (notamment la plateforme Nanouk) des Enfants de cinéma. « En lien avec l’ensemble des professionnels sur les territoires, une concertation va s’engager pour aboutir fin novembre à un projet partagé, changer de dénomination sociale et de gouvernance. »
L’appel à initiatives portait aussi sur la recherche de ressources supplémentaires, ce qui a pu compter dans le choix du CNC et des ministères de tutelle, de la Culture et de l’Éducation nationale : « La culture de Passeurs d’images étant de collaborer aussi avec des partenaires privés, nous travaillons à la création d’un fonds de dotation, qui permettra de lever des fonds auprès des entreprises, y compris pour des projets menés sur le temps scolaire. Nous développons aussi des partenariats avec des têtes de réseau telles que la Fondation de France ou la Fondation Agir Contre l’Exclusion, non pas pour financer la coordination nationale, mais des projets sur les territoires, au plus près des publics », indique le délégué général de Passeurs d’images.
Défense d’Enfants de cinéma
Dans l’entourage des Enfants de cinéma, on se dit « atterré » par la décision du CNC. C’est toutefois « sans mandat de ses administrateurs et sans être impliqués dans leurs négociations » que le réalisateur Jean-Pierre Daniel, qui a été 10 ans président de l’association (et par ailleurs directeur de l’Alhambra à Marseille), a adressé le 4 février, avec les critiques Alain Bergala et Jean-Michel Frodon, une lettre aux ministres de la Culture et de l’Éducation. Elle a été signée par près de 200 professionnels et cinéastes (dont Jacques Doillon, Pierre Salvadori, Catherine Corsini, Robert Guédiguian…), qui se disent « sidérés » que la mission ait été retirée aux Enfants de cinéma et demandent la réévaluation de cette décision « qui remet en cause le contenu même du projet, sans qu’aucune réflexion dans l’espace public ni aucune évaluation accessible aient démontré la nécessité de les abandonner ». Un collectif de défense de l’association a été lancé.
Partager cet article