Si elle se concrétisait, cette opération entre Netflix et Warner Bros. Discovery pourrait redéfinir l’équilibre mondial entre streaming et salles de cinéma.
Netflix ouvre un nouveau front dans la consolidation du secteur audiovisuel mondial. Selon une dépêche Reuters publiée le 5 décembre, la plateforme américaine est entrée en négociations exclusives pour le rachat des studios et des actifs cinéma et télévision de Warner Bros. Discovery, incluant le catalogue historique du studio et ses activités de streaming. L’offre, majoritairement en numéraire, valoriserait Warner à 28 dollars par action, et comporterait une clause de « breakup fee » de cinq milliards de dollars en cas de blocage réglementaire, signe de la confiance de Netflix dans la possibilité de mener l’opération à terme.
Cette entrée en négociation exclusive a immédiatement provoqué des tensions avec les autres candidats potentiels. Paramount Skydance, notamment, a dénoncé un processus de vente « injuste », estimant que la direction de Warner Bros. Discovery favoriserait Netflix. Le groupe a demandé qu’un comité indépendant soit chargé d’examiner les offres concurrentes, un signal supplémentaire de la sensibilité du dossier dans un contexte de concentration accrue.
Si elle devait aboutir, cette opération constituerait l’un des tournants les plus marquants depuis les grandes fusions qui ont déjà remodelé Hollywood ces dernières années, comme Disney-Fox ou Amazon-MGM. À la lumière de ces précédents, dont les conséquences continuent d’impacter la chaîne d’exploitation, la perspective d’un rapprochement entre Netflix et Warner suscite de fortes préoccupations du côté de l’exploitation en particulier.
Les exploitants européens, particulièrement sensibles aux questions de diversité de l’offre et de souveraineté culturelle, pourraient se montrer beaucoup plus fermes dans les phases d’examen réglementaire. L’idée de voir un acteur historiquement hostile au modèle salle prendre le contrôle d’un studio majeur interroge nécessairement sur l’avenir de la chronologie des médias et sur la place du cinéma en salle dans la stratégie globale d’un géant du streaming.
Au-delà des enjeux financiers, l’éventuel rachat ne constituerait pas seulement un mouvement industriel supplémentaire, mais un tournant stratégique capable de reconfigurer l’équilibre entre streaming et salles pour les années à venir. Les exploitants suivront donc de très près les prochaines étapes, alors que plusieurs sources évoquent la possibilité d’un accord final annoncé “dans les jours à venir”.
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