Malavida, entre Malle et girl power

Ascenseur pour l'échafaud 1 © Malavida Gaumont

La société spécialisée en (re)découverte de chefs-d’œuvre du patrimoine a présenté pas moins de 14 films au Festival Lumière 2022 qui s’achève aujourd’hui. L’ensemble de la rétrospective “Louis Malle, gentleman provocateur” sortira dans les salles en trois parties d’ici l’été prochain, saison pour laquelle Malavida réserve une autre surprise aux cinéphiles…

Dans la foulée de sa “mise en Lumière” à Lyon, du 15 au 23 octobre, la rétrospective restaurée en 4K* arrivera dès le 9 novembre dans les salles, avec une première salve de six films : Ascenseur pour léchafaud, Les Amants, Le Feu follet, Viva Maria !, Le Voleur et Le Souffle au cœur, qui bénéficient chacun d’une nouvelle bande annonce, en plus de celle de la rétrospective dans son ensemble. Parmi la trentaine de salles qui accueilleront cette première partie, Anne-Laure Brénéol, co-fondatrice de Malavida et en charge de la direction de son pôle cinéma, peut particulièrement se vanter d’avoir réussi à faire collaborer les trois cinémas de la rue Champollion, dans le Quartier latin parisien, soit « le coeur du cinéma ! »

Mobilisation générale autour de Malle

Ainsi, La Filmothèque, le Reflet Médicis et Le Champo accueilleront chacun deux films de la rétrospective auxquels ils consacreront un de leurs écrans en pleine programmation. « L’idée est de créer un multiplexe horizontal, avec des spectateurs qui passent d’une salle à une autre », s’enthousiasme la distributrice, qui a aussi imaginé un passeport Louis Malle, avec une case à faire tamponner par film, permettant de recevoir un cadeau Malavida une fois leur passeport complet (une centaine d’exemplaires disponibles pour les premiers spectateurs de la rétrospective rue Champollion).

Le 9 novembre, l’engagement cinéphile s’étendra même à la Ville, avec piétonnisation jusqu’à minuit de la rue Champollion, rebaptisée rue Louis Malle pendant les deux semaines d’exploitation des films. L’événementialisation ne s’arrête pas là pour cette rétrospective qu’accompagneront Justine Malle et Alexandra Stewart, la fille et l’ex-épouse du cinéaste, mais aussi le cinéaste Volker Schlondorff qui fut son assistant. Et ce n’est pas tout : « Mathieu Amalric, Arnaud Desplechin, Wes Anderson, Joachim Trier, Rebecca Zlotowski, Olivier Assayas, Bertrand Mandico… Il y a toute une génération de cinéastes qui ont été influencés par Louis Malle et qui, pour certains, ont fait leurs débuts avec lui », rappelle Anne-Laure Brénéol qui travaille sur des pastilles de présentation, à l’image de celles préparées pour la rétrospective Jean Vigo l’année dernière. À noter que “Louis Malle, gentleman provocateur” bénéficie aussi du soutien de l’Afcae, notamment via un avant-programme dédié. 

En attendant la deuxième partie de la rétrospective, prévue « juste avant l’été » avec Zazie dans le métro, Lacombe Lucien, Black Moon, My Dinner With André, Au revoir les enfants, Milou en mai et Vanya, 42e rue, Malavida consacrera le mois de février à Louis Malle documentariste, avec les septs – et rares – volets de son Inde fantôme, en guise d’interlude. Soit « les sept parties d’un grand film », qui seront accompagnés par une exposition itinérante conçue par La Cinémathèque française et accompagnée par l’ADRC. Histoire de « ne pas laisser traîner trop en longueur ni perdre la mobilisation – de la presse comme de l’accompagnement –, tout en laissant aux premières rééditions le temps d’exister ».

Impertinence et passion

En attendant de lancer son année Malle à Lumière, la petite structure fête les plus de 5 000 entrées des Petites marguerites de Vera Chytilova, la pépite de la Nouvelle vague tchèque, qu’elle a ressortie fin août à l’occasion de sa restauration 4K – et pour l’édition DVD Collector pour laquelle elle a reçu en 2020 le prix du Syndicat français de la critique de cinéma. « Montrer qu’il y a eu des femmes subversives et audacieuses dans l’histoire du cinéma a une résonance d’autant plus forte aujourd’hui », résume la dirigeante de Malavida en soulignant la présence de nombreux jeunes dans le public et le très bon bouche-à-oreille autour du film.

Les Jeunes Loups, le film-scandale de Marcel Carné, invisible depuis 50 ans après trois jours d’exploitation en avril 1968 et ressorti depuis le 28 septembre dernier, est toujours à l’affiche. Dans son line-up qui fonctionne à l’énergie « de ce qu’on aime, notre seul luxe », Anne-Laure Brénéol prépare aussi, pour le 7 décembre, la ressortie de La Poupée du Polonais Wojciech Has (un habitué de la maison), puis le 25 janvier La Passagère d’Andrzej Munk, Polonais aussi, « qui livre un regard très fort sur un personnage de femme dans ce film inachevé suite à son décès dans un accident de voiture, et que son équipe terminera sans tourner de nouvelles images, mais avec des photos ».  

Ensuite, au printemps 2023, place aux enfants avec un programme de courts métrages autour du « monument de l’animation » Un hérisson dans la brume de Youri Norstein, et, dès mars, aux femmes avec quatre films de Binka Zhelyazkova (Nous étions jeunes, La Ballon attaché, La Piscine et La Vie s’écoule). « Des œuvres que nous avons découvertes à La Rochelle grâce à Sophie Mirouze. Mais comment cette femme cinéaste a-t-elle pu être oubliée ? » Bonne nouvelle, Malavida est là pour lui faire regagner le présent. 

Et enfin, petite surprise gardée pour la fin, l’équipe Malavida aura « l’immense joie » de ressortir Jeanne et le garçon formidable d’Olivier Ducastel et Jacques Martineau l’été prochain, à l’occasion des 25 ans du film. « Avec le bonheur de retrouver Cyriac Auriol, le producteur, avec lequel nous avions travaillé sur la toute première édition DVD il y a donc… presque un quart de siècle », se remémore Anne-Laure Brénéol en décrivant une œuvre « qui n’a pas pris une ride, et reste malheureusement encore d’actualité ».

Jeanne et le garçon formidable © Malavida

*L’ensemble des 14 films de la rétrospective ont été restaurés par Gaumont, à l’exception de Vanya, 42e Rue qui vient du catalogue Pyramide.

Ascenseur pour l'échafaud 1 © Malavida Gaumont

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