Pour la NATO, la baisse au box-office de la nouvelle production Marvel, sortie simultanément sur Disney+, démontre qu’un lancement exclusif en salles est la meilleure voie possible.
Comment un film avec d’aussi bonnes critiques, un bouche-à oreille positif et de solides avant-premières (13,2 M$) et démarrage en salles (39,5 M$) a-t-il pu à ce point s’effondrer ? C’est la question que se pose la NATO, l’association des cinémas américains, après que Black Widow a vu ses revenus au box-office chuter de 41 % sur les vendredi et samedi, et de 67 % sur l’ensemble du week-end. Le pire résultat en deuxième week-end pour une production Marvel, devant la baisse de 62 % enregistrée par Ant-Man et la Guêpe en 2018.
« Malgré les affirmations selon lesquelles cette stratégie de sortie simultanée, improvisée à l’ère de la pandémie a été un succès pour Disney, elle démontre qu’une sortie exclusive en salle génère plus de revenus pour toutes les parties prenantes à chaque cycle de la vie du film », souligne la NATO dans son communiqué. Au regard du ratio 1er jour/week-end d’autres titres Marvel comparables ou d’autres blockbusters sortis pendant la pandémie, comme Fast 9 ou Sans un bruit 2, Black Widow aurait dû débuter entre 92 et 100 millions de dollars, voire entre 97 et 130 millions en y ajoutant les recettes des avant-premières.
Certains analystes ont estimé que les 60 millions de dollars générés en Premiere Access sur Disney+, en comparaison des 80 millions engendrés par les salles sur les trois premiers jours, symbolisaient le succès de cette stratégie… d’autant plus que l’intégralité des revenus du streaming tombait dans les poches de Disney. « Ce n’est pas le cas, affirme de son côté la NATO. Environ 15 % des recettes sont destinées aux plateformes via lesquelles les utilisateurs regardent Disney+. » Pour l’association, cette stratégie day-and-date « ignore que les revenus en Premiere Access ne sont pas de l’argent neuf, mais ont été retirés d’une fenêtre PVOD plus traditionnelle, qui ne semble désormais plus une option ».
« La sortie simultanée est un artefact de l’ère pandémique qui devrait être laissé à l’Histoire avec le Covid lui-même. »
Pour la NATO, ce modèle fait même perdre de l’argent à Disney : « Le nombre moyen de personnes par foyer aux États-Unis est de 2,37. On peut supposer que la famille abonnée à Disney + est plus nombreuse. Mais de combien ? Combien y a-t-il de partage de mot de passe parmi les abonnés Disney+ ? Combinée aux pertes de revenus en salles et aux revenus traditionnels de PVOD, la réponse à ces questions montrera que la sortie simultanée baisse les revenus par spectateur pendant la durée de vie du film. »
L’association pointe également l’impact du piratage : citant le rapport Torrent Freak, elle indique que Black Widow a été le film le plus téléchargé/visionné illégalement à l’issue de la semaine du 12 juillet. S’il a déjà impacté les résultats dans les territoires où le film est sorti, le piratage va affecter ses performances futures sur les marchés internationaux où il n’a pas encore joué, la NATO évoquant « des copies numériques vierges disponibles sur une myriade de sites de streaming illégaux ». « Cela avait également été le cas pour d’autres films sortis en day-and-date comme Wonder Woman 1984, Godzilla vs Kong ou Cruella. Mais pas pour Fast 9 ou Sans un bruit 2. Combien de recettes chacun a-t-il perdu à cause du piratage de ces sorties simultanées ? »
L’association des exploitants américains estime que les nombreuses questions soulevées par le peu de données partagées par Disney sur les résultats du streaming ce week-end ont trouvé leurs réponses dans la « mauvaise et anormale » performance de Black Widow. Et la NATO de conclure que « la sortie simultanée est un artefact de l’ère pandémique qui devrait être laissé à l’Histoire avec le Covid lui-même. »
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