Après les écoles, c’est au tour de l’Association française des cinémas art et essai de faire sa rentrée, avec son rendez-vous jeune public annuel qui a démarré hier dans la capitale du Périgord noir. Catherine Mallet, la toute nouvelle responsable du groupe dédié, évoque les grands enjeux qui traversent ces trois journées.
Qu’attendez-vous de ces 27es Rencontres Jeune Public ?
Que ce rendez-vous professionnel, qui rassemble plus de 300 adhérents, marque le démarrage d’une nouvelle saison jeune public et donne l’occasion de découvrir l’actualité du secteur, tout en permettant la convivialité et le partage d’expériences. Le programme de ces Rencontres offre également différentes ressources qui accompagneront les professionnels pour les mois à venir. En somme, j’attends que ces Rencontres permettent un enrichissement tant personnel que professionnel.
Une des spécificités de cette édition est son programme relié par les techniques d’animation singulières : via les œuvres projetées, mais aussi notre temps d’échange du mercredi, qui questionnera notamment la médiation autour d’un film réalisé avec des techniques originales, sans oublier les conférences du jeudi qui porteront sur l’écran d’épingle. Ces techniques méritent d’être connues et soutenues, car elles contribuent à la diversité du cinéma d’animation.
À ce titre, la présence de Florence Miailhe en tant que marraine a toute son importance, elle qui a développé sa propre technique d’animation, la peinture animée, et qui a réalisé un court métrage en écran d’épingle. La démonstration qu’elle proposera aux exploitants et médiateurs sera un moment précieux.
Pourquoi avoir choisi Sarlat-la-Canéda pour cette édition ?
Ces Rencontres nationales de l’Afcae sont itinérantes, et cherchent ainsi à aller au cœur des territoires, sachant qu’elles doivent s’installer dans un lieu pouvant accueillir plus de 300 personnes. Nous ne choisissons donc pas seulement un territoire, mais aussi une structure et une équipe. Sarlat-la-Canéda est un lieu important pour le cinéma, par son festival qui a plus de 30 ans, mais aussi l’écosystème en développement, avec notamment les futurs studios France Tabac.
En quoi consisteront la formation “Le spectateur et le médiateur”, en amont des Rencontres, puis les ateliers du mercredi matin ?
La formation est construite de concert avec la structure Les Grands Espaces. Il s’agit de penser et d’interroger la participation et l’implication du public dans les actions de médiation ; évaluer des méthodologies participatives et réfléchir aux techniques qui peuvent être utilisées au quotidien dans les salles.
Les ateliers du mercredi matin brassent énormément de sujets, réfléchis à partir des besoins exprimés chaque année par les adhérents dans notre questionnaire-bilan. Ce sont des moments de partage de bonnes pratiques autour de situations de médiation. La grande particularité cette année est de composer cette matinée en deux temps : les ateliers et l’agora, qui permettront des échanges d’expériences et de réflexions entre participants. Trois axes y seront explorés : l’inclusion, l’éducation artistique et culturelle, et l’accompagnement des films soutenus par le groupe Jeune Public.
La particularité de ces Rencontres est de montrer des work in progress. Comment les choisissez-vous ?
Nous faisons en fonction de l’actualité des productions en cours, en concertation avec les producteurs et les distributeurs. Ce temps de présentation donne l’occasion à nos adhérents d’en savoir un petit peu plus sur la fabrication d’une œuvre, sur les intentions de l’équipe artistique. C’est le point de départ pour suivre l’avancement du projet jusqu’à sa sortie en salle.
Vous avez succédé le 12 juin dernier à Laurent Coët à la tête du groupe Jeune Public de l’Afcae. Comment imaginez-vous votre mandat ?
Nos réunions régulières avec les membres du groupe servent, en plus de préparer les rencontres, à penser l’actualité. Il faut que nous gardions constamment un lien avec le contexte sociétal, afin de comprendre les pratiques du jeune public et de pouvoir proposer des actions sur l’ensemble du territoire. Je pense que l’agora qui aura lieu aux Rencontres nous donnera des axes de travail dont nous ferons part aux adhérents. J’imagine mon mandat comme un prolongement de celui de Laurent, avec le souhait d’axer nos travaux et réflexions sur la formation, l’inclusion, mais également repenser les outils d’accompagnement et leurs déclinaisons développés par le groupe Jeune Public.
Le festival Télérama/Afcae enfants a changé de formule cette année. Quel bilan en tirez-vous ?
Nous avons décalé le rendez-vous aux vacances d’avril à la place de celles d’hiver, en plus de réduire un peu la période. Bien que nous ayons eu de très bons retours de la part des salles, la fréquentation a finalement été moins importante que l’édition précédente [42 000 entrées enregistrées, contre 60 000 en 2023, ndlr.]. Nous sommes en cours de discussions avec Télérama afin de voir quelle nouvelle forme pourrait prendre ce partenariat et cet événement au regard de ce bilan partagé.
Alors que l’avenir des dispositifs nationaux « Ma classe au cinéma » inquiète la profession, quelle est votre vision de l’éducation à l’image ?
Penser à l’éducation à l’image revient à penser le parcours de l’enfant, et donc penser tous les temps, qu’ils soient scolaires ou non. Que l’enfant vienne avec sa classe ou sa famille, c’est toujours un visage familier qui l’accueillera ; c’est un lien qu’il faut préserver. Il est aussi important de défendre le dispositif de la salle de cinéma comme une expérience collective, un temps ininterrompu qui ouvre les portes de l’imaginaire. Il fait vivre l’altérité et enrichit la curiosité des enfants. L’éducation à l’image ne se passe pas seulement dans les villes, mais est très forte aussi en milieu rural grâce au maillage des points de diffusion présents sur l’ensemble du territoire. Les enseignants ont besoin d’être accompagnés dans cette démarche, car la façon de voir les images évolue. Pour ma part, cela fait 23 ans que mon travail est consacré au jeune public et à l’éducation aux images. Les générations se succèdent, révélant des cinéphilies diverses, riches et complémentaires, mais une chose reste inchangée : le besoin d’accompagner, de questionner et de transmettre.
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