Le Retour à Cannes fait réagir

Le choix du Festival de Cannes de sélectionner le film de Catherine Corsini, dont les conditions de tournage ont été mises en cause, est contesté par le Collectif 50/50.

Le Retour sera donc en compétition à Cannes, comme l’a finalement annoncé le Festival le 24 avril, en complétant sa sélection 2023. On sait pourtant que le film est au cœur d’une polémique, après des accusations contre l’équipe du film. Les conditions de travail et des incidents sur le tournage ont en effet été dénoncés, faisant l’objet d’un signalement auprès du procureur de la République et d’une enquête par le Comité central d’hygiène et de sécurité. C’est en particulier le tournage d’une scène de sexe impliquant des mineurs, sans avoir été signalée, qui a alerté le CNC au point qu’il suspende ses aides au film. Dans ce contexte, la décision du Festival de Cannes suscite « la consternation du Collectif 50/50 ». 

Le Collectif, qui œuvre à la parité et à l’égalité dans le secteur du cinéma, estime en effet qu’une telle exposition est « un signal dévastateur envoyé aux victimes de violences sexistes et sexuelles. C’est aussi une manière de renforcer les connivences qui règnent dans notre industrie, et qui empêchent la libération apaisée de la parole sur ce sujet crucial  ». Pour lui, « le Festival de Cannes, en 2023, n’a pas opéré de transformation suffisante pour prendre en considération le sujet des violences morales, sexistes et sexuelles ».

Le Collectif 50/50, qui « témoigne son plein soutien à l’ensemble de l’équipe des technicien·ne·s et comédien·ne·s du film », rappelle à cette occasion l’existence de la cellule d’écoute d’Audiens, les sessions de sensibilisation et de formation, et réclame la présence de « référent·e·s harcèlement dûment formé·e·s  » et de « coordinateur·rice d’intimité » sur les tournages. « De la même manière que la société évolue, le cinéma évolue. Il serait temps que les directions des festivals tiennent compte de ces évolutions et s’engagent à dépasser ces schémas de domination archaïques. »

De son côté, le producteur Marc Missonnier, qui a notamment produit Le Consentement, de Vanessa Filho d’après le livre de Vanessa Springora, a exprimé sa colère sur Twitter :  « Hallucinant de voir combien le plus grand festival de cinéma du monde est déconnecté de ce qui se passe aujourd’hui et de voir combien toute la problématique des limites, surtout dans le cas de scènes à caractère sexuel, est ignorée par le cinéma français. […] C’est aujourd’hui en toute connaissance de cause, après tous les articles parus et les faits reconnus, que Thierry Frémaux choisit de prendre un film problématique en compétition, crachant à la figure de tous ceux qui pourraient avoir le courage de dénoncer des faits condamnables.  […] Pour ce qui me concerne, mon choix est fait : #BoycottCannes. »

A la suite de ces réactions, la production du film Le Retour a adressé un communiqué ainsi que le témoignage de deux comédiens.

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