Le cri d’alarme de Wayna Pitch

Noémie dit oui © Wayna Pitch

Le distributeur indépendant, qui prépare depuis neuf mois la sortie de Noémie dit oui pour le 26 avril, s’inquiète du positionnement, il y a deux jours, d’un film concurrent sur la même date, qui réinterroge la régulation du calendrier des sorties.

Dans un communiqué publié hier, Wayna Pitch déplore la décision d’ARP, en association avec Originals Factory et A24, de sortir Beau Is Afraid d’Ari Aster, avec Joaquin Phoenix et Denis Ménochet, le même jour que Noémie dit oui, le premier long de la Québécoise Geneviève Albert. Pour Jonathan Musset, dirigeant de Wayna Pitch, il ne s’agit pas de désigner ARP en particulier, mais « de citer un exemple concret » du calendrier constamment remanié, qui interroge à nouveau la question de la régulation. 
Si, comme l’a précisé ARP, la date de Beau Is Afraid a été calée sur le reste du monde – soit cinq jours après sa sortie américaine –, et concerne une sortie VO sur 150 copies maximum, c’est parce qu’il cible le même public et les mêmes salles que Noémie dit oui que Jonathan Musset s’en inquiète. « Le film est très attendu dans l’art et essai – Midsommar, du même Ari Aster, est d’ailleurs un de mes films préférés – et Noémie dit oui risque de pâtir gravement de cette concurrence. » Car à cinq semaines de la sortie, il est impossible de se retourner pour Wayna Pitch, qui avait daté son film au lendemain de ses deux récompenses à Angoulême – Prix des étudiants et mention spéciale pour son actrice Kelly Depeault. « Depuis neuf mois, nous travaillons sans relâche pour préparer cette sortie : la réalisatrice sera en France à partir du 23 mars pour une tournée de 50 avant-premières dans des salles art et essai et des multiplexes, le film touchant particulièrement les jeunes », explique Jonathan Musset, qui a engagé 80 000 euros de budget marketing, mais doit désormais revoir son plan de sortie. 

Un cas particulier qui est loin d’être isolé, et illustre la situation de nombreux films de la diversité qui peinent de plus en plus à trouver leur place. « En tant que distributeurs indépendants, nous acceptons de prendre des coups comme celui-ci depuis des mois, sur des films fragiles qui se retrouvent sacrifiés par le marché », alerte le dirigeant de Wayna Pitch, pointant une situation qui s’est accentuée depuis deux ans et qui en appelle à réguler le calendrier des sorties. « S’il y avait un cadre interdisant de dater ou re-dater un film moins de deux mois avant sa sortie, tout le monde travaillerait plus sereinement, distributeurs, exploitants et y compris la presse. Les Américains intégreraient cette règle et pourraient s’adapter, eux aussi, dans le cadre d’une sortie mondiale », estime Jonathan Musset. 
On sait que les discussions sur ce fameux calendrier se poursuivent, notamment au sein du SDI dont Wayna Pitch est membre, et l’on attend de savoir ce qu’en retiendra le rapport concurrence et cinéma de Bruno Lasserre, que l’on attend… pour le printemps.

Noémie dit oui © Wayna Pitch

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