L’étude publiée par le Centre national du cinéma et de l’image animée, revenant sur les chiffres marquants de 2023, montre de nouvelles dynamiques pour les films en salles depuis la pandémie.
Comme le rappelle le CNC en préambule de son étude, 2023 est la première année complète des salles sans contraintes sanitaires depuis la Covid. La dynamique depuis la seconde réouverture de mai 2021 est positive, en témoignent les 716 films en première exclusivité sortis en 2023, soit le deuxième plus haut niveau après 2019. Une performance sachant que seulement 86 films américains sont sortis l’année dernière, quand ils étaient plus de 120 entre 2017 et 2019. À l’inverse, 406 œuvres françaises sont sorties en 2023, soit une de moins qu’en 2022 qui représentait un record.
À voir aussi | L’Émission – Les films français, une année 2024 ouf ?
Une rationalisation des séances…
Alors que le parc de salles est au plus haut avec 6 320 écrans, 2023 se distingue par une baisse générale du nombre de séances par rapport à 2022 et 2017-2019, passant de 8,2 à 8,1 millions, au même titre que les séances par semaine qui reculent de 2 000 unités (154 000 contre 156 000). De même, seuls 9,6 % des écrans diffusent au moins cinq séances quotidiennes ; cette part, bien inférieure à 2022 (13,3 %) et à la moyenne 2017-2019 (25,6 %), peut s’expliquer par plusieurs facteurs : une rationalisation des séances en raison du coût de l’énergie ; une optimisation du taux d’occupation de la salle ; une reprise plus difficile pour la grande exploitation.
…et de nouvelles tendances de diffusion
Si, entre 2004 et 2019, un film sortait en moyenne sur 140 copies, depuis la pandémie, ce niveau est passé à 179 en 2021, puis 169 en 2022 ; 2023 reste dans cette dynamique de recul, avec 166 établissements au lancement des films en première exclusivité. Toutefois, des différences importantes persistent entre les films français et les films américains. Ces derniers sortent, pour la moitié d’entre eux, sur plus de 250 copies (-4 points par rapport à la moyenne 2017-2019), et bénéficient en moyenne de 29 700 séances sur leur carrière en salles (+16 % par rapport à 2017-2019). De leur côté, la moitié des films français sortent sur moins de 80 copies (-9 points par rapport à la moyenne 2017-2019), pour une moyenne de 9 200 séances (stable par rapport à 2017-2019).
La vie des films en salles : une carrière plus courte, mais plus intense ?
Sujet en constant débat dans la filière, la concentration des performances des films en 2023 s’observe par les parts de 14 % des séances et 25,6 % des entrées qu’occupent les dix premiers films de l’année, en hausse par rapport aux moyennes prépandémiques (respectivement 12,7 % et 23 %). Du côté des œuvres françaises en revanche, un glissement semble s’opérer, avec une hausse de la part des films entre 20 000 et 200 000 entrées (40 % en 2023 contre 37 % avant crise), et une baisse des films à plus de 500 000 entrées (10 %, contre 13 % avant crise).
Aussi, si les entrées par séance augmentent logiquement depuis 2020, elles sont en baisse constante depuis 2011, en raison de la numérisation du parc de salles et de la multiplication des séances. La différence entre la moyenne pour les films français et américains de première exclusivité, globalement fluctuante au fil des années, s’amoindrit par rapport à 2022.
Il apparaît également que certaines typologies de films sont moins diffusées au sein d’un cinéma. En effet, par rapport à 2017-2019, un film non européen et non américain bénéficie d’en moyenne 24,9 % de séances en moins, tandis qu’une œuvre diffusée entre 25 et 174 copies voit sa moyenne de séances baisser de 31 %. Les films labellisés Art et Essai, bien qu’ils sortent sur plus de copies, obtiennent toutefois moins de séances par établissement depuis la crise, passant d’un peu plus de 21 diffusions par copie en première semaine en 2017-2019 à 17,3 séances en 2023. Ce recul est significatif sur les quatre premières semaines, mais s’atténue en cinquième. Même constat pour les films Recherche et Découverte qui passent de 18,4 séances en première semaine en moyenne entre 2017 et 2019 à 12,5 en 2023 ; la moyenne chute ensuite jusqu’à 2,9 en cinquième semaine.
À voir aussi | L’Émission – 2024, une année difficile pour l’art et essai ?
Plus d’informations dans le Boxoffice Pro n°482.
Partager cet article