Interrogé par Screen Daily et L’Obs, le délégué général du festival dresse plus en détails les contours de la version de la 73e édition, qui devait initialement débuter ce mardi 12 mai.
Thierry Frémaux a déclaré qu’il annoncerait les titres de la Sélection officielle 2020 début juin, ce qui constituera une forme de label pour les films « Cette sélection ne prendra toutefois pas la forme habituelle que nous connaissons avec les sections Compétition, Un Certain Regard et Hors Compétition. Ce qui nous tient à cœur, c’est de promouvoir les films que nous avons vus et avons aimés. » Plus de 1 500 longs métrages ont été soumis au comité de sélection. « Pour l’instant, nous nous sommes concentrés sur les films qui doivent sortir en salles et qui ont besoin de notre soutien », précise le délégué général, rappelant que seules les œuvres destinées à sortir entre cet été et le printemps 2021 sont éligibles à la sélection, et non pas celles qui sortiraient directement sur une plateforme. À noter que certains candidats ont préféré attendre le processus de Cannes 2021, à l’image du Benedetta de Verhoeven. « Une fois la liste annoncée, l’objectif est de commencer à organiser des événements dans les cinémas. Les professionnels du monde entier avec lesquels nous sommes en contact au quotidien nous disent que cela représente une opportunité pour leurs projets. »
Il n’y aura pas de prix cette année, et s’il est impossible de réunir un jury, Spike Lee, qui devait le présider, « nous a dit qu’il nous serait fidèle quoi qu’il arrive ». Thierry Frémaux avoue aussi que le cinéaste new-yorkais « nous a montré un beau film qu’il a réalisé avec Netflix, From 5 Bloods, qui aurait dû marquer le retour de la plateforme sur le tapis rouge, Hors Compétition bien sûr ».
Quant à la collaboration avec les autres grands festivals, Thierry Frémaux dit poursuivre le dialogue. « Avec le label Cannes 2020 et le Marché du Film en ligne, ce Cannes hors les murs sera la troisième étape de notre redéploiement cet automne. Nous irons à Toronto, Deauville, Angoulême, Saint-Sébastien, New York, Busan en Corée et même au Festival Lumière à Lyon, qui accueille cinéma contemporain et classique. Et avec Venise, nous voulons aller encore plus loin et présenter des films ensemble. »
Car pour le délégué général de Cannes, l’essentiel est de défendre les films plutôt que sa propre chapelle. Ainsi, The French Dispatch de Wes Anderson, tout comme Tre piani de Nanni Moretti ou Soul de Pete Docter, auraient dû commencer leur carrière sur la Croisette. « Il serait normal qu’un film “cannois” préfère se concentrer sur la compétition de Venise, si la Mostra a lieu. S’il est possible de leur attribuer un double soutien de Cannes et de Venise, on procèdera ainsi. »
Interrogé enfin sur la réouverture des cinémas, Thierry Frémaux s’est montré prudent : « S’il n’y a pas de deuxième ou troisième vague, le public reviendra dans les salles, mais cela prendra deux ou trois mois à compter de leur réouverture. Si c’est en juillet, comme nous l’espérons, nous pourrions vivre un grand automne. Mais nous ne devrions pas commencer à rouvrir si les conditions ne sont pas toutes réunies. » Le délégué général, à l’instar des exploitants, attend des mesures concrètes pour protéger les salles, en particulier autour des loyers. « Nous avons protégé les banques en 2008, alors protégeons les cinémas, les théâtres et les librairies en 2020. Personnellement, pour vivre, j’ai besoin de ma banque. Mais j’ai aussi besoin de cinéma.
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