De la singularité de l’écran de cinéma selon l’AFCAE

Les contours avaient été dessinés lors des Rencontres nationales art et essai jeune public en août dernier, l’AFCAE vient de publier la version finalisée. Un texte qui, pour l’association, entend « réaffirmer la singularité et l’importance de l’écran et de la salle de cinéma dans la société face au public et aux politiques qui semblent parfois douter de son caractère essentiel ». Le voici dans son intégralité.

« Aller au cinéma, se faire une toile, se retrouver ensemble… participe à faire lien. Ce lien social, culturel, humain, concourt à cette découverte, à cet émerveillement, à cette expérience singulière de la salle de cinéma. Au cinéma, nous allons vers. Il s’agit bien d’un acte de mouvement, conscient de vouloir partager quelque chose collectivement.

Un acte de mouvement, dans un lieu hautement symbolique que le spectateur identifie – il a lu le programme, vu les affiches, pris son ticket – et qui deviendra un repère familier. Il va y retrouver des personnes connues, qui incarnent ce lieu, ces passeurs d’images qui conseillent, transmettent, accompagnent et enrichissent le regard grâce à des œuvres cinématographiques diverses. La salle se démarque par ses choix éditoriaux. Elle permet, par ce biais, la découverte, crée une relation de confiance avec ses spectateur·rice·s. Elle se fait médiatrice entre les films et les publics et permet des temps d’échange, des discussions. Les ateliers à destination du Jeune Public, les rencontres avec les équipes de film, les soirées-débats… toutes nos recommandations contribuent à faire de nos cinémas des lieux ressources et moteurs d’altérité.

« Assis dans le noir, le spectateur se rend disponible pour l’œuvre, voyage à travers elle, peut vivre des émotions multiples. »

Rappelons aussi que la salle de cinéma est le seul endroit où l’intégrité de l’œuvre est préservée. Le grand écran le permet mais les caractéristiques de la séance aussi. Pas de coupe, pas de pause, pas de bruit, pas de perturbation. Le dispositif cinéma fait travailler la concentration comme nul autre lieu. Il ouvre le champ des possibles devant cet écran où le regard est ouvert à 180 degrés. Assis dans le noir, le spectateur se rend disponible pour l’œuvre, voyage à travers elle, peut vivre des émotions multiples. Là réside toute la singularité de la salle. Grâce au son et à l’image, l’immersion dans un autre monde que le nôtre est totale.

L’ouverture est aussi sociale, d’une part en terme de sortie – près de 80% des spectateur·rice·s viennent à plusieurs au cinéma, en famille, entre copains–, d’autre part en terme de partage – les temps d’échange qui peuvent être organisés après le film. Il y aura le souvenir de ce moment. Le spectateur pourra se remémorer la séance et les sensations qu’il a ressenties, qu’il a partagées avec ces connaissances ou même avec des inconnus.

« Cet environnement pour découvrir des œuvres cinématographiques est unique et inoubliable. Précieux, il est à protéger. »

En somme, le fait de se rendre au cinéma est un acte militant. En échange d’un ticket, le spectateur s’engage, souhaite aller plus loin que le simple film, ne pas seulement le consommer mais chercher quelque chose de plus grand que lui. Il cherche à oublier le temps. Cet environnement pour découvrir des œuvres cinématographiques est unique et inoubliable. Précieux, il est à protéger. »

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