Après le succès de L’Ombre de Staline, la société fondée par Alexis Mas s’apprête à lancer Light of my Life de Casey Affleck le 12 août, tout en travaillant sur un joli line-up pour la fin d’année.
« Nous restons humbles car la situation du secteur est toujours préoccupante. » Satisfaction mais pas de sauts au plafond chez Condor pour célébrer la carrière de L’Ombre de Staline, lancé le 22 juin et devenu le premier succès de la structure avec 203 606 entrées en détrônant les 203 185 tickets du Enemy de Denis Villeneuve. Une réussite qui vient récompenser un travail en montagne russe. Initialement daté au 18 mars et avec près de 400 000 euros de frais engagés pour la promotion, le film d’Agnieszka Holland a vu sa campagne être coupée net dans son élan. « Passé la sidération et une fois la date de réouverture des salles connue, nous avons opté pour un lancement dès la reprise, où l’offre allait être composée essentiellement de films sortis avant le confinement », raconte Alexis Mas. Le contexte inédit a également permis à la structure de doubler sa combinaison de copies (400 en première semaine) : « Nous avons même franchi les 1 000 contrats, un record pour nous », indique Lucie Commiot, directrice des ventes. Prédestiné à une cible plutôt art et essai, l’aspect thriller conjugué à la mise à disposition d’une version française a permis de séduire les circuits et donc de toucher un plus large public.
C’est dans une dynamique similaire que Condor aborde sa prochaine sortie : Light of my Life, film de et avec Casey Affleck, est daté au 12 août. Avec le nouveau report de Tenet, « nous serons l’une des rares propositions américaines de l’été ». Film de genre et d’anticipation ciblé art et essai, le titre sera également disponible en version française pour les circuits et multiplexes. Soutenu par l’AFCAE, le film bénéficie aussi du label CIP : « Nous aurons une campagne d’avant-premières ainsi qu’un cycle autour des œuvres qui ont inspiré le film, comme Leave No Trace, Ghost Story ou Le Fils de l’homme, la semaine précédant la sortie et pour les salles en deuxième exclusivité », explique Lucie Commiot. Outre les traditionnels affichages urbains, la communication sera très digitale et axée autour de l’un des principaux sujets : la disparition de la population féminine. Si rien n’est encore défini, Light of my Life devrait sortir sur une combinaison supérieure à 200 copies.
Entre fin septembre et début janvier, Condor devrait normalement distribuer quatre autres longs métrages…et une série ! Le distributeur accompagnera en effet la première série écrite par Hirokazu Kore-Eda, Going my home (diffusée en 2012 au Japon). « C’est une opération transmédia : d’abord une exclusivité cinéma au Luminor (Paris) dès le 2 septembre avec la diffusion de plusieurs épisodes par jour et un rattrapage intégral en fin de semaine. Il y aura peut-être vocation à répliquer cet événement dans des salles en régions. Ensuite, fin septembre, la série sera disponible dans un beau coffret avant d’être accessible en exclusivité vidéo sur la plateforme Mubi », égrène Alexis Mas. Côté longs métrages, la structure accompagnera À cœur battant de Keren Ben Rafael le 30 septembre, l’histoire d’un couple soudainement contraint de vivre séparément, lui à Tel-Aviv, elle à Paris avec leur fille. Une vie à distance et par écrans interposés « qui peut faire écho à la situation de confinement que nous venons de vivre ». Suivra le 18 novembre Balloon du Chinois Pema Tseden, « un auteur qui a vocation à être davantage connu et une pépite asiatique que nous voulons défendre ». Wendy de Benh Zeitlin sortira le 9 décembre, « date fétiche du cinéaste par rapport au succès de son premier film », Les Bêtes du sud sauvage, sorti le 12 décembre 2012 et qui a cumulé 288 000 entrées. « Pour cette relecture du mythe de Peter Pan, nous débuterons par une campagne assez cinéphile avant d’élargir aux familles à l’approche des vacances de fin d’année. » Enfin, le 6 janvier 2021 sortira Goodbye de William Nicholson, « film d’acteurs dont nous souhaitons conserver l’identité britannique et qui traite d’un sujet peu commun : le droit pour les seniors d’avoir une seconde vie affective. »
Après un exercice 2019 record, avec plus de 500 000 entrées cumulées, Condor peut espérer réitérer cette performance malgré un contexte où la fragilité des distributeurs semble plus criante que jamais. Difficile dans ce cas de se projeter sereinement. « Nous avons une politique qui nous permet de ne pas être dépendants de la salle, avec un pan de notre line-up exploité sur d’autres medium », notamment la VOD à l’image de la sortie pendant le confinement de The Room avec Olga Kurylenko, propulsé dans le top 5 VOD France lors de sa semaine de lancement. « L’idée est toujours d’avoir une certaine souplesse », assure Alexis Mas. Si la majorité des titres du line-up sont acquis en post-production ou pendant des festivals, la structure entend se positionner de plus en plus tôt, via par exemple des préachats sur scénarios, notamment de titres français, à l’image de Carpe Diem (titre provisoire) d’Emmanuel Marre avec Adèle Exarchopoulos. Des films qui devraient composer la majorité du line-up à venir de Condor…à condition qu’ils puissent se tourner.
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