Le distributeur spécialisé dans le patrimoine a récemment fait l’acquisition de trois blockbusters indiens qu’il compte sortir d’octobre à l’été prochains. Son cofondateur et directeur, Vincent Paul-Boncour, fait le point sur cette aventure inédite qui a déjà attiré l’attention de nombreux aficionados.
En mai dernier, Carlotta était présente comme chaque année à Cannes Classics ; pourtant, sa principale actualité se jouait ailleurs. La structure annonçait au même moment l’acquisition de plusieurs films du cinéaste indien Koduri Srisaila Sri Rajamouli (aka S.S. Rajamouli), à commencer par le diptyque Baahubali, en salles le 31 octobre, puis, durant le premier semestre de 2026, Eega et RRR. Trois titres réalisés au cours des 15 dernières années, mais qui n’ont pas encore eu d’exploitation “classique” en France. « Historiquement, Carlotta a déjà travaillé autour du cinéma indien [à travers Bodega, avec lequel le distributeur a été associé, ndlr.], notamment dans les années 2000, au moment de l’âge d’or de Bollywood », commente Vincent Paul-Boncour. Mais au cours des deux dernières décennies, c’est un autre cinéma indien qui s’est imposé à l’échelle nationale, puis internationale : la production Tollywood (en langue télougou, et non hindi comme pour Bollywood), implantée dans le sud du pays, a en effet livré certains des plus grands succès indiens. Et S.S. Rajamouli en est la « figure de proue ». En France, l’un des premiers ambassadeurs du cinéaste a été François Da Silva de Novo Films, avec lequel Carlotta collabore sur ces sorties.
Élargir le public cible
Au cours de ces dernières années, les films indiens – hors ceux passés par des festivals – n’ont eu droit qu’à « de très petites sorties, à destination d’un public spécifique*, souvent indien ». Pourtant, Vincent Paul-Boncour pense qu’ils ont le potentiel de toucher davantage de spectateurs : « Ce cinéma est en phase avec la nouvelle génération de cinéphiles qui s’intéressent aux cinématographies asiatiques, et il bénéficie déjà d’une belle notoriété auprès d’un public très fidèle qui en devient le premier prescripteur, en témoignent les nombreuses réactions enthousiastes sur les réseaux sociaux à nos posts annonçant les acquisitions. » Le cas de RRR est particulièrement parlant : en 2022, le film a connu une très forte renommée à l’international, ponctuée par l’Oscar de la meilleure chanson originale, devenant même un « phénomène » au Japon où il a eu une exploitation “classique”. Le directeur de Carlotta espère donc attirer toutes les typologies de spectateurs, en proposant les films aux établissements art et essai comme aux multiplexes, voire aux salles Imax.
Une sortie atypique, en terrain connu
Pour Carlotta, Baahubali, Eega et RRR s’inscrivent dans une case que la structure n’a jamais vraiment explorée : le plus ancien, Eega, n’a même pas 15 ans, et n’est donc pas catégorisé comme du patrimoine, tandis que le plus récent, RRR, peut difficilement rentrer dans le label “Carlotta Nouveautés” que le distributeur a lancé début 2024. « Ce sont des titres entre patrimoine et nouveauté, ce qui correspond bien au positionnement unique et singulier que l’on adoptera. » En outre, le travail au long cours effectué autour de S.S. Rajamouli « s’approche de ce que nous faisons avec un cinéaste de patrimoine ».
L’aventure débutera le 31 octobre avec la sortie de Baahubali – L’Épopée. Cette version inédite réunit les deux volets Baahubali (réalisés en 2015 et 2017), dont le second est devenu le deuxième plus grand succès du box-office indien. Suivront Eega début 2026, puis RRR, probablement à l’été. Un programme étalé sur près d’un an, qui vise à préparer le terrain pour l’arrivée très attendue du prochain Rajamouli en 2027, la plus grosse production du cinéma indien. « J’ai le sentiment qu’une partie de la profession commence à avoir connaissance de ce qui se passe autour de Rajamouli et du cinéma indien, conclut Vincent Paul-Boncour. Ce sont des œuvres cultes pour les spectateurs qui les ont vues, et le but est de faire exister ce phénomène en France. »
* Principalement distribués en France par Friday Entertainment et Night ED Films
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