Annecy 2025 : TAT à la conquête du monde, en mode Falcon Express

Falcon Express, en salles le 2 juillet, sera projeté en avant-première à Annecy, où Jean-François Tosti et David Alaux reviendront, lors de plusieurs rencontres, sur la genèse du film et sur les 25 ans du studio. © TAT/Apollo Films

Parmi les séances “événements” du Festival d’Annecy, le 6e long métrage produit par TAT – et 2e avec Apollo – marque aussi le 25e anniversaire du studio d’animation toulousain, devenu l’un des leaders européens. Rencontre avec Jean-François Tosti, l’un des trois cofondateurs de TAT, coproducteur et coauteur de Falcon Express.  

Vous travaillez sur un rythme express, avec dernièrement deux longs métrages sortis en salles en 2023 – Pattie et Les As de la jungle 2, pour près de 900 000 entrées chacun –, tout en développant plusieurs autres projets : quand et comment est né celui de Falcon Express

Un film d’animation, c’est toujours long : en général cinq ans dont environ trois de fabrication. Falcon Express a été lancé en 2020. Nous avions envie d’un film concept, que l’on peut résumer en une phrase : des animaux de compagnie coincés dans un train fou, qui vont être aidés par un raton laveur. Le message est très clair, aussi bien pour les spectateurs que les exploitants et acheteurs… même si cela reste difficile à écrire. À partir de cette idée, il faut tenir l’intérêt des spectateurs pendant une grosse heure, en faisant évoluer les personnages, avec de l’humour et de l’action. C’est un exercice intéressant et c’est ce qui fait la force du film, qui s’adresse à un public de tout âge. Au final, le budget de Falcon Express atteint 12,5 millions d’euros, ce qui est notre film le plus cher à ce jour. 

Vous l’avez à nouveau écrit avec Éric Tosti et David Alaux, mais le film est réalisé par Benoît Daffis et Jean-Christian Tassy. Comment vous répartissez-vous les rôles chez TAT ?

Que ce soit le trio fondateur, pour le scénario, et les deux réalisateurs, qui étaient respectivement graphiste et monteur, nous sommes tous issus du studio et travaillons ensemble depuis des années. Quand nous avons commencé à travailler sur Falcon Express, ils se sont manifestés et nous leur avons confié la réalisation. Nous avons un fonctionnement de studio à l’américaine : nous développons des projets sans avoir de réalisateur attitré. Au final, on retrouve dans nos films une identité TAT : des personnages sympathiques, un mélange d’action et de comédie, et un style coloré. 

Que représente pour vous la sélection du film au Festival d’Annecy ?

Nous sommes bien sûr ravis, car très attachés au Festival, un rendez-vous incontournable où nous allons chaque année. C’est à la fois excitant et stressant de montrer le film à nos pairs et aux grands amateurs d’animation – adultes, alors que nos films s’adressent à la jeunesse – qui composent le public d’Annecy. Nous serons très présents cette année, avec un focus sur les 25 ans du studio, le lancement officiel de notre série Pil et la présentation du making off de Falcon Express. Et le calendrier est d’autant plus idéal que le film sort juste après, le 2 juillet.

Quelles sont vos relations avec Apollo, qui, après Pattie et la colère de Poséidon, est à nouveau coproducteur et distributeur ?

Apollo est arrivé très tôt sur le projet, et, comme avec nos autres partenaires distributeurs – notamment SND pour Les As de la jungle –, nous travaillons main dans la main. Nous avons notre propre équipe de communication et leur donnons des infos et du matériel tout au long de la production, pour leur permettre de travailler en amont auprès des exploitants. Apollo a une vraie expertise sur ce type de films et nous sommes très contents de tout ce qu’ils ont mis en place. Nous espérons une sortie au-delà de 500 copies, comme sur nos films précédents, pour être présents dans tous les multiplexes. 

Êtes-vous en contact direct avec les exploitants au moment de la sortie d’un film ?

Nous avons surtout des relations avec ceux de la région de Toulouse, ce qui est très intéressant : ce sont eux qui nous font percevoir la réalité du marché. Pour Falcon, on sent qu’ils y croient, et c’est psychologiquement important pour nous d’avoir cette relation qui se construit dans le temps. C’est aussi rassurant pour les exploitants, pour lesquels nous sommes devenus une valeur sûre, presque une “marque” : ils savent qu’ils auront des films familiaux d’un niveau de qualité certain. Nous ferons quelques déplacements au moment de la sortie de Falcon Express, mais surtout une tournéerégionale en septembre et octobre, avec différents membres de l’équipe, ce qui est toujours très sympa. Et dans tout type de cinéma, même si notre typologie de film s’adresse d’abord à un public de multiplexe. 

Ateliers au CGR Blagnac, à l’occasion de la rétrospective TAT pour ses 25 ans

Le film a-t-il été vendu à l’étranger ?

Comme tous nos films déployés à l’international, il a été vendu, grâce à Kinology, dans toute l’Europe, aux États-Unis et en Amérique du Sud, pas dans toute l’Asie mais en Corée du Sud et au Vietnam… et ce bien avant la sortie. Nous avons désormais la même reconnaissance à l’international qu’en France : les acheteurs sont rassurés par la marque TAT. 

La croissance de TAT ces dernières années s’illustre aussi avec la série Netflix Astérix et Obélix, le combat des chefs. Comment s’est passée cette expérience et pouvez-vous mesurer les audiences ? 

Pour les ayants-droit, pour Alain Chabat et pour nous, l’enjeu était de faire la meilleure série possible. Tout s’est très bien passé avec Netflix et nous avons travaillé sans tension, malgré un début un peu chaotique car Chabat n’avait jamais fait d’animation. Il fallait qu’il accepte la lenteur du processus, pour que nous traduisions en images ce qu’il avait envie de raconter. La série est diffusée depuis avril : au bout de deux semaines, il y avait déjà plus de 10 millions de visionnages dans le monde, sachant qu’un visionnage concerne en moyenne 2 ou 3 personnes. En France le succès ne se dément pas : Astérix est toujours dans le top 5 des séries visionnées
Cette expérience nous a fait progresser : nous avons eu plus de moyens et plus de temps, Netflix a fait venir des talents expérimentés qui ont beaucoup apporté à nos équipes. Aujourd’hui, nous appliquons ce qu’ils nous ont appris sur nos nouveaux projets, pour aller plus loin dans la qualité.

TAT est lauréat de France 2030 – La Grande fabrique de l’image : c’est un apport important pour vous ?

Ce soutien nous aide à nous développer plus sereinement, à investir à la fois dans nos équipements et en recherche, pour mener de front de la prestation premium – comme avec Netflix – et nos propres productions. C’est aussi une façon d’apporter encore plus de visibilité au studio au niveau européen. En parallèle, la Région Occitanie continue à nous soutenir fidèlement et je pense qu’elle ne regrette pas son investissement, reconnaissant notre apport en termes de création d’emplois et de richesse sur le territoire. La Région nous aide à la fois sur la diffusion des œuvres et en soutenant directement la structure pour la partie économique. Pour nous, cette dimension locale est fondamentale.

Comment concilier la croissance de l’activité et votre esprit de travail familial ?

C’est en effet notre vrai défi. La particularité de TAT est de tout réunir au même endroit : les bureaux de production et toutes les étapes de la fabrication, ce qui nous permet de communiquer constamment avec les équipes, en toute transparence. Nous nous croisons tous les jours et essayons de conserver cet esprit familial, alors que nous sommes 300. C’est aussi ce qui explique notre succès : une équipe motivée, où chacun met tout son cœur.

Quels projets pour la suite ?

Pour le cinéma, nous travaillons sur Lovebirds – une romance entre oiseaux, inspirée d’une histoire d’Amanda Sthers. L’animation vient de commencer, le film sera livré fin 2026… et la date de sortie vient d’être fixée : le 27 janvier 2027, avec KMBO. Ils sont amoureux du projet et c’est la première fois que nous travaillons avec eux, donc une nouvelle aventure. Nous développons aussi Ringo at the summer camp, une comédie estivale sur une colonie de vacances pour chiens, qui devrait être prête pour 2028.  Pour la télévision, nous sommes arrivés à mi-chemin de la production de la série Les Aventures de Pil, en 52 épisodes, tirée de notre film. La diffusion devrait commencer à la fin de l’année.

Falcon Express, en salles le 2 juillet, sera projeté en avant-première à Annecy, où Jean-François Tosti et David Alaux reviendront, lors de plusieurs rencontres, sur la genèse du film et sur les 25 ans du studio. © TAT/Apollo Films

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