Fort d’un été marqué par la domination du Comte de Monte-Cristo, sans oublier les très bonnes premières semaines d’Emilia Perez, Pathé Films ne baisse pas le rythme en cette rentrée, avec notamment les sorties très attendues d’Emmanuelle et de Monsieur Aznavour. Rencontre avec sa directrice générale adjointe de la distribution, Nathalie Cieutat.
Emmanuelle sort le 25 septembre. Quel est votre positionnement et quelle stratégie avez-vous souhaité mettre en place ?
Nous avons rapproché la sortie du film de sa présentation en ouverture du Festival de San Sebastian, le 20 septembre. Nous souhaitons suivre des auteurs qui portent de très beaux projets, sur la base de scénarios forts. C’était le cas de celui d’Audrey Diwan, qui est une réalisatrice que nous admirons beaucoup chez Pathé ; Emmanuelle rentrait naturellement dans notre ADN.
C’est un projet très ambitieux qui adapte librement le livre d’Emmanuelle Arsan paru en 1959, et non le film de Just Jaeckin sorti en 1974. Il questionne, entre autres, le plaisir féminin, ce qui a guidé nos partenariats. Nous allons notamment collaborer avec des podcasts autour du « féminin », ainsi que des médias comme Madame Figaro, Brut, Première et Simone Média.
Notre cible principale est bien évidemment féminine – mais pas que –, mais nous essayons également de séduire les jeunes, public assez difficile à déplacer pour du cinéma français. Néanmoins, nous avons pu observer qu’ils s’y rendaient au fil des semaines pour Le Comte de Monte-Cristo. Nous espérons qu’ils seront réceptifs à la thématique d’Emmanuelle.
Près d’un mois plus tard, le 23 octobre, Monsieur Aznavour sera en salles. Quelles sont vos attentes autour de cet événement ?
C’est un très grand projet pour Pathé, un alliage entre des réalisateurs, Mehdi Idir et Grand Corps Malade, et des acteurs très doués – dont Tahar Rahim dans le rôle-titre – pour lequel nous avons de grandes ambitions. Nous comptons le positionner comme l’un des plus gros titres français de cette fin d’année. Tous les publics peuvent être ciblés, des seniors aux plus jeunes, car les musiques d’Aznavour sont encore connues de tous aujourd’hui.
Un nombre impressionnant d’artistes ont repris ses chansons et ses textes, de Dr. Dre à Bad Bunny, et d’autres se revendiquent comme des fans, à l’instar de Timothée Chalamet, Aya Nakamura, Jul ou encore Damso. C’est un nom perpétuellement présent dans les esprits ; nous l’avons par ailleurs remarqué avec le lancement de la bande-annonce le 3 septembre, ainsi que le succès de la tournée qui a démarré la semaine dernière.
Le 21 août, vous avez sorti Emilia Perez, qui est le premier de vos trois films passés par la compétition cannoise cette année, avant Parthenope de Paolo Sorrentino le 8 janvier 2025 et Limonov, la ballade de Kirill Serebrennikov le 19 février 2025. Quelle place occupe l’art et essai dans votre line-up ?
Il y a toujours eu de la place pour les auteurs au sein de Pathé Films, que ce soit Pedro Almodóvar [douze films accompagnés depuis Tout sur ma mère en 1999, dont La Chambre d’à côté, récemment auréolé du Lion d’or à Venise, ndlr.], Xavier Beauvois – dont nous sortons le prochain film, La Vallée des fous, le 13 novembre – ou encore Paolo Sorrentino, que nous distribuons depuis La Grande Bellezza en 2013 [à l’exception de La Main de Dieu, sorti en 2021 sur Netflix, ndlr.]. Accompagner des auteurs, des premières réalisations ou des films de genre fait partie de notre ADN, et cela se confirmera avec notre line-up de 2025.
Est-ce que le succès du Comte de Monte-Cristo a ouvert une voie française pour une certaine typologie de films grand public, mais avec une ambition artistique marquée ?
Grâce aux Trois Mousquetaires, nous avons pu voir qu’il y a la place pour un cinéma français très ambitieux, comme à l’époque de Claude Berri. Le Comte de Monte-Cristo a été événementialisé dès sa sortie, le vendredi précédant la Fête du Cinéma, ce qui a déclenché un fort bouche-à-oreille pour l’été. Mais au fond, la seule vraie recette du succès, ce n’est pas le budget du film, mais sa qualité.
Avec son histoire et ses thématiques intemporelles, Le Comte de Monte-Cristo vise un public très large, ce qui nous permet de prendre le pari de faire des films de cette envergure. Dans notre cas, il est gagnant, mais il ne faut pas oublier que la distribution reste un maillon très fragile, et qu’un tel projet qui nécessite autant de talents et de moyens constitue un très grand risque. C’est une alchimie que nous avons toujours eu à cœur de réunir, à l’instar du projet De Gaulle, dont les deux parties sont prévues pour 2025.
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La réussite de Monte-Cristo, couplée avec celle des Trois Mousquetaires, a envoyé un message fort à une certaine cible, affirmant qu’il n’y a pas que les films américains qui peuvent vous transporter ainsi. Quand des personnes parlaient du Comte sur TikTok, nous avons entendu très souvent : « C’est aussi bien qu’un film américain ! »
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