La Famille Asada, analyse du succès d’Art House

© Art House

La comédie dramatique de Ryōta Nakano est devenue, en à peine deux mois, le meilleur résultat en salles d’Art House. Petit bilan à chaud avec le fondateur de la société spécialiste du cinéma nippon, Eric Le Bot.

C’est sans conteste l’une des belles surprises venues du cinéma asiatique de ce début d’année. Sorti le 25 janvier dernier, La Famille Asada a su se frayer une place dans un marché en net regain de forme pour attirer quelque 250 000 spectateursen 8 semaines d’exploitation. Une belle performance puisqu’il s’agit du meilleur résultat pour un film japonais (hors anime) depuis Une affaire de famille de Hirokazu Kore-eda en 2018 (780 000 entrées, Le Pacte), et devant Drive My Car de Ryūsuke Hamaguchi en 2021 (225 000 billets, Diaphana). C’est également le plus gros succès de la jeune histoire d’Art House, « l’aboutissement du travail mené depuis cinq ans et de la crédibilité acquise avec la communauté Hanabi », savoure Eric Le Bot, fondateur de la structure.

Pour le distributeur, l’aventure Asada a démarré à l’automne 2020 par la découverte du film dans la foulée de sa sortie japonaise et alors que la France s’apprête à se reconfiner. « Le producteur cherchait un distributeur français et notre spécialisation sur le cinéma nippon nous a permis d’être rapidement identifiés. » Les premières projections dans l’Hexagone sont organisées pendant les Saisons Hanabi – Hiver, en janvier 2022, où Art House entend principalement faire vivre le film à travers son synopsis. Quelque 1 500 tickets sont écoulés à cette époque, « et nous observions déjà un enthousiasme assez inédit des spectateurs. L’enjeu pour nous était donc de perpétuer cette ferveur ». La campagne va monter petit à petit en puissance avec la diffusion d’une bande annonce, « notre asset principal, que l’on a rapidement senti apprécié du public. Sa durée (plus de 2 minutes) était nécessaire pour arriver à embarquer les spectateurs ». Au global, Eric Le Bot estime qu’environ 2 millions de spectateurs, en salles ou en digital, ont vu le trailer « où la mention du tsunami de 2011 était parfaitement assumée et montrait que le film alliait rires et larmes, tandis que nous avons préféré mettre en avant le registre de la comédie pour l’affiche ». Ce visuel, où la famille Asada salue tout sourire depuis une camionnette, placardé sur les bus et en 4×3 dans les stations de métro, a eu « un effet assez “captif” et nous a permis de positionner le film comme une grosse sortie ». 

Bénéficiant également du soutien inattendu de France Inter, « alors que ce n’est pas leur profil de film habituel », Art House a souhaité investir massivement et rapidement, afin d’attirer le plus de spectateurs possible dès la sortie. Dopée par les 9 000 billets en avant-premières et une chronique inopinée dans Quotidien, « élément déclencheur pour toucher un public moins habitué », la dynamique s’est rapidement enclenchée puisqu’environ 50 000 entrées étaient comptabilisées à l’issue de la première semaine. « Nous avons eu de la chance que certains films changent de date, notamment sur les deux-trois semaines qui suivaient le 25 janvier, ce qui nous a laissé de la place. Au cours des 10 premiers jours, nous avons senti que nous pouvions dépasser le score de Drive My Car. » À l’image de la belle note spectateurs de 4,1 sur AlloCiné, le bouche-à-oreille a permis au film de s’installer et d’enregistrer, au fil des semaines, des évolutions remarquables  malgré la densité du marché. Un engouement qui a achevé de convaincre certaines salles, réticentes à l’origine, tandis qu’Art House dégainait un budget communication de soutien, « prévu dès l’origine » et qui s’est concrétisé par de l’affichage sur AlloCiné et un relai continu des avis du public sur Twitter. 

Tout en admettant avoir moins réussi à alimenter une dynamique en profondeur – le coefficient Paris/Province de 2,5 reste dans les standards d’un film d’auteur –, Eric Le Bot estime que, « au-delà du plaisir qu’il a suscité, La Famille Asada a séduit car le public plébiscite les films qui véhiculent des valeurs, qui ont un côté humaniste et qui savent toucher au cœur ». Fort de ce succès, Art House se tourne désormais avec envie vers sa prochaine sortie, Hokusai de Hajime Hashimoto, biopic d’époque sur le célèbre peintre japonais, que la société de distribution va accompagner sur 200 copies à partir du 26 avril. « Le film a une vraie identité et son sujet bénéficie déjà d’une certaine notoriété puisqu’une étude a démontré que 40 % des Français connaissaient Hokusai. » Prometteur…

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